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Comment vivre une sexualité consciente et joyeuse ?

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Connaissez vous bien votre vagin ? Delphine nous explique comment elle s'est lancée dans l'exploration de son intimité
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Delphine Lhuillier
Delphine Lhuillier
Mis à jour le 25 février 2021
Avez-vous déjà regardé votre vagin ? Le connaissez-vous ? Eh bien, "C’est étrange, familier, dissimulé dans la jungle pubienne, petit animal aquatique, de longs pétales de fleurs effilés et charnus, en forme de bouche."

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Vous avez peut-être déjà entendu parler de cette sexologue américaine qui a révolutionné la vie des femmes en leur proposant de regarder leur sexe dans un miroir. Eh bien voilà, je l’ai fait ! Et oui, c’est une révolution. Parce qu’il ne suffit pas de le lire, il faut le faire. Oser. Et déjà, trouver le bon angle de vue ! Que d’émotions, de sensations et de pensées contradictoires. Quel mystère : "C’est étrange, familier, dissimulé dans la jungle pubienne, petit animal aquatique, de longs pétales de fleurs effilés et charnus, en forme de bouche." 

J’ai repensé à ce passage dans Les monologues du vagin d’Ève Ensler dans lequel une femme raconte qu’elle a rencontré un homme qui aimait contempler les vagins : "Paul a regardé presqu'une heure comme s’il étudiait une carte, comme s’il observait la lune, comme s’il me regardait dans les yeux, sauf que c’était mon vagin. […] Je me suis sentie belle et délectable — comme une œuvre d’art ou une chute d’eau. […] J’ai commencé à aimer mon vagin. Et moi aussi."

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J’ai apprivoisé mon sexe !  

Après l’avoir regardé, admiré, perçu tout ce que je projetais sur mon antre caverneuse et soyeuse, j’ai eu envie de me tester. Étais-je capable de visualiser mes organes génitaux ? 

Je l'ai visualisé et je l'ai dessiné

Eh bien, pas tout à fait. Pas avec précision. Alors, j’ai eu recours à un manuel d’anatomie. Comment était-ce possible ? Moi, à l’affût, curieuse de tout, ayant souvent mon mot à dire sur tous les sujets, je n’étais pas capable de me représenter dans le détail où étaient situés mon vagin, mon utérus, mes ovaires ou mes trompes de Fallope. Et comment tout ce petit monde fonctionnait ensemble. 

Incroyable ! Je devais y remédier. Alors, j’ai pris mes feutres, et j’ai dessiné, avec mes mains : une bête à cornes, au museau puissant et effilé. Voilà comment je portais en moi l’image de mon sexe. Elle m’a plu. Je me suis sentie fière. Vous aussi, vous pouvez essayez. Dessinez, et vous verrez. 

Ne pensez plus cette fois-ci anatomie, mais juste représentation. Utilisez des pinceaux, des feutres ou vos mains. Choisissez vos couleurs, vos matières, la taille et la texture de votre papier. Fermez les yeux et allez-y. Votre dessin révélera la manière dont vous percevez votre sphère génitale. 

C'est comment à l'intérieur du vagin ? 

Mais je voulais aller plus loin. Je voulais me connaître de l’intérieur. J’avais besoin de toucher. De saisir mes contours. J’ai pris conscience que mon imaginaire était modelé par les sensations que m’avaient procurées les autres, à travers mes batifolages, ou par autoérotisme ; la perception de mon sexe était donc toujours reliée au plaisir sexuel. 

J’ai appris qu’il existait des techniques qui massaient les organes génitaux, notamment le karsai nei tsang, une pratique taoïste développée par le Thaïlandais Mantak Chia. La femme qui prodiguait ces soins m’avait déjà massée, j’y suis donc allée, confiante. J’ai découvert, dans cet espace consacré, qu’il existait une autre manière de toucher ses lèvres, les parois qui longent le clitoris, toute cette zone extrêmement innervée.

J’ai appris à le toucher 

Chaque toucher, délicat, pouvait relâcher de profondes tensions. Je n’ai pas recommencé l’expérience parce qu’il est très rare de trouver une personne de qualité pour ce type de massage, mais j’ai tout simplement compris que je pouvais répéter ces mêmes gestes avec mes partenaires, pour peu qu’ils soient réceptifs. Et que nous pouvions échanger nos sensations. 

J’ai pris conscience combien mon sexe était un écrin précieux. Il se souvient de toutes les joies, les envolées lyriques et les chevauchées amoureuses, mais il a aussi emmagasiné toutes les souffrances, les frustrations et les abus répétés sur plusieurs générations. 

Le plaisir sexuel peut être chargé de cette mémoire. Offrir un temps qui soit détaché de l’enjeu du coït orgasmique ressemble à des retrouvailles. Le plaisir s’en trouve ensuite décuplé. J’ai appris à ressentir et à distinguer ce qui me faisait vraiment du bien et ce qui me blessait ; la frontière est parfois ténue.

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Se réapproprier notre sexualité

Cette réappropriation de notre sexe serait donc le premier pas pour nous réapproprier notre sexualité et accéder au véritable plaisir : puissant et doux, électrisant et vertigineux, jouissif et extatique. Marisa Ortolan, animatrice de tantra et thérapeute psychocorporelle, nous confie : "Nous pouvons nous réapproprier notre sexualité par la connaissance de notre corps, de notre énergie. En nous réappropriant nos mots, notre parole : savoir dire oui, savoir dire non. Pour qu’elle puisse faire respecter sa sexualité, elle doit la connaître. Plus elle va se réapproprier son sexe, sa génitalité, sa peau, son odeur, le rythme dont elle a besoin, plus elle va pouvoir le nommer et le montrer au monde d’une autre manière."

Finalement, nous n’avons pas encore fini notre révolution sexuelle, ou comme le dit Marga Vianu, spécialiste de la bioénergétique taoïste, nous devons commencer notre "évolution sexuelle". Pour ma part, je milite pour une sexualité consciente et joyeuse. Le temps n’est finalement pas si lointain où seul l’homme pouvait disposer de son désir, où l’on pensait que la femme n’était pas capable d’éprouver du plaisir. Fi du clitoris ou du point G, des préliminaires et de l’orgasme. 

Le chemin du plaisir : de l'orgasme au point G 

Ah, le plaisir, nous y voilà. À la fois simple, mystérieux, inaccessible et magique. À la lecture des deux ouvrages écrits par la journaliste Élisa Brune (à consommer sans modération), on découvre qu’il existe encore bien des idées reçues au sujet du plaisir. Nous nourrissons des fantasmes par peur du jugement ou du regard de l’autre et nous tombons à côté. Par exemple, on ne peut pas avoir de plaisir sans désir ou, plaisir rime avec orgasme. Un autre mot qui fait rêver ! 

Et puis, clitoridienne ou vaginale ? Si l’on écoute Sigmund Freud, seul l’orgasme vaginal témoignerait de la maturité d’une femme. Ah, la, la ! Quels dégâts ! Eh bien, la science cette fois-ci, vole à notre secours. Le Dr Francesco Bianchi-Demicheli, sexologue à l’Université de Genève, nous explique que la science a démontré qu’il n’existait aucune différence entre orgasme clitoridien et vaginal. Et que vivre l’un plutôt que l’autre n’a rien à voir avec la maturité ou un quelconque degré de féminité. Du point de vue du cerveau, siège du plaisir et des sensations, rien ne distingue les deux types d’orgasme. 

Concernant le point G (décrit pour la première fois par le médecin allemand Ernest Grafenberg en 1953), il se pourrait que nous ne soyons pas toutes égales à ce sujet. Du point de vue anatomique, le point G se situerait quelque part dans le tiers inférieur du vagin. S’il est vrai qu’on découvre une plus grande concentration de fibres nerveuses à cet endroit, leur quantité varie d’une femme à l’autre, et par conséquent, la sensibilité peut elle aussi varier d’une femme à l’autre… 

Élisa Brune nous explique par ailleurs que : "Toutes les études et les enquêtes, des années 1950 jusqu’à aujourd’hui, montrent que seules 20 à 30 % des femmes sont susceptibles de jouir pendant la pénétration." Voilà quelques révélations qui ont de quoi nous détendre…

Extrait du livre "Féminin sans tabou" de Delphine Lhuillier. Editions Eyrolles 2014. 

L'experte : 

Delphine Lhuillier est ethnologue de formation. Responsable éditoriale de generation-tao.com, elle a participé à la création du Centre Tao Paris et est également formatrice en Wutao®. Elle est initiatrice du Festival du Féminin®, né en 2012, qui a désormais acquis une dimension internationale.

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