Cet article a été publié dans le magazine #31 novembre-décembre 2020
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Disséminé dans les moindres recoins du corps, le fascia est une membrane fibreuse qui recouvre, sépare, compartimente et connecte entre elles les différentes parties du corps humain. La manière la plus simple de se représenter ce réseau fascial consiste à imaginer une toile d’araignée parcourant l’intérieur du corps dans toutes les directions et dans les trois dimensions.
Chaque partie du corps possède son propre fascia : l’aponévrose pour le muscle, la plèvre pour le poumon, le péricarde pour le cœur, le péritoine pour les intestins et le périoste pour l’os.
Un organe à part entière
Doté de propriétés mécaniques et métaboliques remarquables, le fascia assure le bon fonctionnement de notre corps. Capable de se contracter, il absorbe les chocs et favorise la force musculaire (35% de la force musculaire passe par les fascias).
Constitué à 60% d’eau, il se comporte comme une « éponge liquide », favorisant l’apport sanguin et la nutrition des tissus ainsi que le retour veineux et lymphatique assurant le drainage des toxines. Cette activité de pompage de tous les liquides du corps en fait un organe clé de l’immunité.
Également présenté par les scientifiques comme l’organe sensoriel le plus important et le plus étendu, il est responsable de la perception de notre corps (proprioception, intéroception et nociception), et nous informe à chaque instant de l’état dans lequel notre organisme se trouve. Cette sensibilité en fait un organe central de la relation corps-esprit, qui intéresse les chercheurs et les professionnels de la psychologie et de la psychothérapie.
Au final, des fascias en bonne santé nous permettent de nous mouvoir, de respirer, de digérer et de percevoir notre corps sans que nous en ayons le plus souvent conscience.
Un indicateur essentiel en cas de traumatisme
Toutefois, lorsque le corps subit des chocs physiques ou que nous sommes confrontés à des situations de stress, ce tissu peut subir des modifications pouvant altérer notre santé physique et/ou psychologique. En se rétractant et en se rigidifiant, il peut provoquer des douleurs, des tensions physiques, des troubles émotionnels et de la perception de notre corps. Des études ayant montré que le fascia de personnes lombalgiques était plus épais et moins mobile que celui de personnes saines ont suggéré que ces altérations pouvaient contribuer à l’apparition ou à la persistance des douleurs lombaires.
Des modifications des fascias ont même été décrites dans des maladies chroniques comme la fibromyalgie ou la douleur chronique. Certains auteurs émettent même l’hypothèse que la rigidité du fascia prédisposerait à l’apparition de maladies inflammatoires chroniques et pourrait favoriser le processus tumoral.
En fonction de l’endroit où le fascia se crispe, les symptômes seront divers et différents : si les fascias du ventre se tendent des troubles digestifs vont se manifester alors que si ces tensions fasciales touchent les muscles, des contractures et de la fatigue musculaire risquent d’apparaître. Lorsque ces crispations fasciales se portent sur la nuque ou la tête, des céphalées de tension et des tensions psychiques vont se déclarer.
Une thérapie qui ne date pas d'hier
Si de nombreuses méthodes thérapeutiques (acupuncture, massage, thérapies manuelles) ou de bien-être (yoga, Pilates, fitness, etc.) s’intéressent aujourd’hui au fascia, il est utile de rappeler que les traitements de fasciathérapie existent depuis plus de cent ans. C’est tout d’abord l’ostéopathie qui a attiré l’attention sur le fascia, considérant que c’était l’endroit où s’organisait silencieusement la maladie. En France, c’est Danis Bois, ostéopathe devenu Docteur en sciences et professeur d’université, qui a le premier développé un concept de traitement de fasciathérapie aujourd’hui pratiqué quotidiennement par des professionnels de santé dans de nombreux pays.
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Une manipulation respectueuse du corps
L’originalité de cette thérapeutique manuelle consiste à manipuler sans force les fascias. Le praticien, par des manœuvres lentes, profondes et globales, va mobiliser les fascias pour leur redonner leur élasticité et leur tonus naturel. Sous les mains, le fascia se dédensifie, se fluidifie et se détend progressivement, favorisant à nouveau le bon fonctionnement de l’organisme.
Le patient, de son côté, ressent progressivement son corps retrouver toute sa vitalité, son mouvement intérieur et redécouvre des sensations oubliées. Ces retrouvailles avec les sensations corporelles sont le plus souvent accompagnées de sentiments de calme, de repos, de régénération, de détente émotionnelle et d’apaisement mental. Le corps et l’esprit s’accordent progressivement pour le plus grand bonheur du patient.
Des études menées dans le Centre d’étude et de recherche appliquée en psychopédagogie perceptive (CERAP/UFP) ont pu montrer l’intérêt de ce type de traitement sur le stress, l’anxiété, les douleurs lombaires ou encore la fibromyalgie.
Une indication notamment pour les sportifs et les femmes enceintes
De plus en plus de personnes recherchent les bienfaits de la fasciathérapie pour résoudre des symptômes corporels ou psychologiques, mais aussi tout simplement pour prendre soin de soi. Les consultations les plus courantes sont les douleurs physiques aiguës ou chroniques (lombalgies, céphalées, troubles viscéraux) qui gênent le quotidien. Il peut s’agir également de personnes souffrant de maladies chroniques et/ou graves qui désirent améliorer leur qualité de vie (sommeil, fatigue, douleur, anxiété), ou de futurs parents qui recherchent à enrichir l’accompagnement et le vécu de la grossesse et le confort du nouveau-né. Enfin, la fasciathérapie est très prisée des sportifs qui y ont recours pour des blessures mais également pour accélérer la récupération physique et mentale.
Le recours à la fasciathérapie se fait toujours après diagnostic médical et jamais en remplacement de traitements médicaux ou paramédicaux conventionnels. Les séances durent entre 30 et 45 minutes en fonction de la situation et de la problématique. Pour trouver un praticien en fasciathérapie, rendez-vous surfasciafrance.fr.
Notre expert :
Christian Courraud est Docteur en sciences sociales, directeur du CERAP et kinésithérapeute. Il pratique la fasciathérapie depuis plus de trente ans et l'enseigne.
Son livre :
Fascias, le nouvel organe-clé de votre santé, éditions Leduc.s., par Christian Courraud.