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Elevage

Hélène Richard "Nourrir mes concitoyens sans les empoisonner, c’est merveilleux !"

Hélène Richard élevage bio bovin
Hélène Richard ©Interbev Bio C.Malissen
©Interbev Bio C.Malissen
Claire Seznec
Claire Seznec
Mis à jour le 25 février 2021
Hélène Richard est éleveur de bovins bio depuis 2006 à Moulins, dans l’Allier. Favoriser la viande de qualité, sans antibiotique, ainsi que l’autonomie de son exploitation, sont ses principales motivations. Rencontre avec une passionnée qui exerce un métier qui n'est plus réservé aux hommes.

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FemininBio : Pourquoi avoir choisi l’élevage de bovins bio ?

Hélène Richard : Après un BTS comptabilité, j’ai travaillé dans un centre de gestion agricole pendant 15 ans. En 2006, je me suis installée dans l’entreprise familiale, à Moulins dans l’Allier. Nous travaillions alors avec Sicaba une coopérative d’éleveurs, et avions obtenu le Label Rouge. Lorsque la coopérative s’est tournée vers les viandes bio, nous nous sommes penchés sur la question. Nous traitions déjà nos bovins grâce à la phytothérapie. Mon mari a été empoisonné à l'insecticide. Cela nous a convaincu d'étudier le cahier des charges bio. C'est ainsi que nous avons décidé de sauter le pas.

Qu’est-ce qui a changé dans votre travail depuis que vous êtes passé au bio ?

H.R.: Le principal changement concerne le créneau de commercialisation : nos animaux sont plus engraissés, ainsi ils restent sur le territoire français. En effet, pour produire de la viande rouge (non bio NDLR), les éleveurs français n’engraissent pas directement leurs torillons, mais les envoient en Italie pour les faire grossir à moindre coût.

Notre élevage constate, depuis, une diminution de vêlage (mise à bas de la vache), passant de 110 à 90 animaux. Cependant, l'exploitation comporte toujours le même nombre de bovins sur l’exploitation qu’auparavant.

Bovins de l'Aubrac ©Interbev-G.Humbert

Selon vous, quels sont les avantages de l’élevage bio ?

H.R.: Grâce à la transition vers le bio, je suis devenue maîtresse de mon outil de production, notamment d'un point de vue sanitaire. Les vaccins sont limités au maximum, sauf en cas de maladie de nos animaux. Fini la batterie de traitement antibiotiques, avantageusement remplacés par des traitements préventifs et naturels (phytothérapie, aromathérapie, homéopathie).

L’autonomie alimentaire au sein de l’exploitation est capitale. Nous produisons le plus possible les matières dont nous avons besoin, ou les achetons brutes non loin de chez nous. Nous n’achetons par exemple plus de protéines.

D’autre part, écologiquement, nous n’utilisons plus d’engrais chimique, ni de produits phytosanitaires et nous récupérons l’eau de pluie plutôt que d’iriguer artificiellement l’exploitation.

Enfin, d'un point de vue économique, les bovins sont valorisés. En contrepartie, nous produisons moins de viande, en poids, mais le prix au kilo est légèrement plus important que lcelui des viandes rouges d’élevage conventionnel. Le but est de faire une viande de qualité sans pousser les animaux.

L’élevage bio, est-il l’avenir de notre consommation ?

H.R.: C’est une démarche d’avenir. L’alimentation bio connait un essor conséquent car les consommateurs se posent de plus en plus de questions sur la provenance des produits et leurs traitements (antibiotiques, pesticides).

Je suis convaincue d’avoir fait le bon choix en passant au bio, mais il reste du travail : seulement 3-4% des agriculteurs sont labellisés bio en France. Il peut s'avérer difficile de convertir son exploitation au bio car cela demande une remise en question globale. Retravailler avec des matières élémentaires et basiques suite à la "révolution" des traitements phytosanitaires qui a augmenté les rendements n’est pas accepté par beaucoup d’agriculteurs.

D'un point de vue nutritionnel, la viande bio ne contient aucun produits chimiques et ni antibiotiques. Par conséquent, les consommateurs ne les ingèrent pas ! Nourrir mes concitoyens est un beau challenge, et sans les empoisonner, c’est encore plus merveilleux !

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