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« Je me sens accompagné », le retour solo du chanteur Flo Delavega

"J'ai vécu un éveil au cours duquel je vivais des expériences magiques qui m'ont amené à voir le monde autrement." Flo Delavega

Hélène Pambrun
Vivre ses rêves Rêve éveillé
Audrey Etner
Interview et rédaction par Audrey Etner
Publié le 10 août 2021

Il était l’un des deux auteurs-compositeurs-interprètes de l’aventure Fréro Delavega. Avec son comparse Jérémy Frérot, Flo Delavega a pendant quatre ans rempli des salles entières, vendu des milliers d’albums, connu le succès et la célébrité. En 2017, au sommet de la gloire, il décide de tout quitter pour s'installer en famille en pleine forêt. Aujourd'hui, il revient avec son premier album solo, Rêveur Forever. Rencontre avec un artiste pacifié, en chemin permanent vers lui-même.


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Magazine FemininBio #35

Cet article a été publié dans le magazine #35 juillet-août 2021
>> Pour retrouver la liste des points de vente c'est ici

C’est loin du feu des projecteurs que Flo Delavega a choisi de vivre un retour radical à la terre, en pleine forêt landaise. Auprès de sa compagne et muse, la musicienne et chanteuse argentine Natalia Doco – qui fut l’une de nos merveilleuses égéries de couverture –, il a bâti sa vie de famille dans les bois, pour répondre à son besoin de cohérence. Comment est-il parvenu à ce succès populaire ? Il n’en a lui-même aucune idée. Mais un jour le star system s’est heurté à ses valeurs profondes. Celles d’un homme simple et libre, en quête de vérité sur ce monde. Le temps d’une interview, Flo Delavega a accepté de revenir avec sagesse et humilité sur son parcours haut en couleurs, de partager ses doutes et ses rêves, ses projets, son fils, son couple et ses inspirations du moment.

FemininBio : Pouvez-vous retracer brièvement ce qui vous a mené des feux de la rampe au cœur de la forêt ?

Flo Delavega : L’aventure Fréro Delavega a démarré publiquement en 2014, au moment où s’opérait un changement subtil en moi : de lectures en prises de conscience, j’ai commencé à me poser des questions existentielles sur la vie, la planète, ma place dans ce monde. Je me suis donc retrouvé en pleine contradiction, en train de vivre une exposition massive dans les médias, avec l’impression que le monde capitaliste faisait du mal à la planète et que la solution était de remettre les mains dans la terre. En 2017 j’ai fait un grand virage et décidé de tout arrêter pour tenter d’incarner au mieux cet idéal auquel j’aspirais : travailler avec la permaculture et sortir un peu du système. J’avais, dans ma tête, divisé les mondes.

Pourquoi cette manière radicale d’opérer ce changement ?

Le grand écart est mon mode de fonctionnement. Je me suis mis beaucoup de pression à un point qui devenait désagréable, car je ne savais plus profiter de ce que la vie m’offrait. J’étais devenu très strict, j’avais du mal à accepter les choix des autres à ce moment-là. Je me suis alors questionné pour savoir si c’était vraiment ce que je cherchais, être « écolo extrémiste » (rires). Je croyais beaucoup en la décroissance, mais au fond je cherchais juste à être heureux. Alors j’ai refait quelques virages et nous sommes un peu moins isolés aujourd’hui. C’est une quête infinie, on cherche constamment à savoir un peu plus qui l’on est.

Vous aviez arrêté la musique ?

J’avais déplacé ma créativité sur le jardin et la conception du lieu, qui me passionne d’ailleurs toujours autant. Je suis vraiment inspiré par les écolieux, ces mini mondes avec toutes ces alternatives qui naissent un peu partout. Je suis désormais de plus en plus convaincu qu’il s’agit de refuges pour demain.

Qu'est ce que " le rêve " pour vous, omniprésent dans votre art ?

Je définirais le rêve comme l’illusion dans laquelle nous vivons. C’est la réalité que nous nous construisons depuis notre perspective. Ce que je suis en train de vivre à cet instant est un rêve qui dépend de mon vécu et de ma construction mentale. Nous avons la sensation de vivre la même chose, mais ce n’est pas du tout le cas.
Dans mon esprit il y a ensuite les utopies, qui sont liées à ce dont on parvient à se libérer, tout ce passé, cette structure, ces inconscients collectifs que l’on reproduit, car c’est ce que nous avons reçu. J’appelle « rêve authentique » ce pour quoi je suis là, ma raison d’être. Mais il n’y a pas de petits et grands rêves, simplement des singularités qui se révèlent à travers ce pour quoi nous sommes faits.

Y a-t-il une réalité derrière ces rêves ?

Oui, je la vois comme le chemin, la façon dont on y arrive, en se libérant de nos peurs et de ce qui nous divise. La réalité est le quotidien, c’est démêler une pelote pour se frayer un chemin.

Quelles sont vos sources de joie, thème de notre numéro d’été ?

Je suis joyeux quand j’ai la sensation de réellement être en train de faire ce que j’ai envie de faire. Je me lève alors sans aucune sensation de fatigue, les maux n’existent plus, je me sens habité par quelque chose de plus grand et j’avance en confiance. Je retrouve aussi beaucoup de joie dans le rapport aux autres.

Et l’aventure de la paternité, auprès de votre fils de trois ans ?

Je suis en plein travail à ses côtés, et je le serai sûrement toute ma vie. Je trouve la parentalité incroyablement difficile. Je traverse dans cette expérience tout le spectre des émotions, des moments d’amour et de joie que je n’avais jamais expérimentés, et d’autres fois des contrastes douloureux.

Comment est revenue l’envie de composer ?

Cet album est très lié à ma relation avec Natalia. Au cœur de la forêt, une partie de moi était en train de se perdre. La solitude dont j’avais eu tant besoin était devenue trop pesante et Natalia m’a poussé à partager à nouveau ma musique.

J’étais plutôt dans un espace de création au service des autres mais je ne me voyais pas reprendre cette place. Pourtant, je me suis aperçu que j’avais envie de témoigner de ce parcours.

Vous formez un couple « conscient » avec Natalia Doco. Est-ce un sujet sur lequel vous évoluez ensemble ?

Oui, pour moi le couple conscient est incarné par deux âmes qui se rencontrent avec un projet individuel totalement libre et un projet commun totalement conscient, dans lequel on sait que l’autre est un vrai partenaire de vie, une personne sur laquelle s’appuyer, sans jugement. Nous avons travaillé sur notre ego, nous n’attendons plus que l’autre nous répare. Ensemble, nous avons remis en cause le schéma classique du couple pour l’adapter à nos modes de vie, et nous n’en sommes que plus amoureux !

A lire Le pouvoir du moment présent : extrait du livre d'Eckhart Tolle

Je suis né quand j’ai rencontré Natalia. J’ai commencé par lire Eckhart Tolle, puis à m'ouvrir à l'ésotérisme. Peu à peu j’ai vécu un éveil au cours duquel je vivais des expériences magiques qui m’ont amené à voir le monde autrement. Puis, il a fallu entreprendre le douloureux chemin vers plus de conscience.

Quel est l'équilibre féminin-masculin au sein de votre couple ?

J’ai beaucoup féminisé ma masculinité quand j’ai rencontré Natalia. J’étais très sportif et musclé, j’avais beaucoup de problèmes avec mon apparence. J’étais surtout totalement inconscient. Je me suis alors nourri de son énergie féminine, et je me réconcilie avec mon masculin à présent.
Pas un jour ne passe sans que nous ayons ensemble des conversations qui nous font grandir, notamment sur le rapport des hommes à la sexualité. C’est quand même fou que nous soyons venus au monde par cet acte et que nous en fassions le plus grand des tabous. Il nous reste encore beaucoup de travail !

Dans le titre Printemps éternel de votre nouvel album, vous évoquez un nouveau monde qui arrive. Quel est-il, selon vous ?

Je le vois comme une évolution évidente de ce qui est en train de se passer depuis bien longtemps. Pour moi, c’est surtout un état d’esprit, une conscience qui bascule et, ainsi, de nombreuses personnes vivent déjà ce Nouveau Monde. Le monde de demain sera constitué de ces gens sur le chemin de découverte d’eux-mêmes, qui incarnent qui ils doivent être.

Après une transition vécue dans l’opposition, je crois désormais en un militantisme créatif et positif. J’ai lâché cette colère et mis mon énergie à créer là où je veux aller. Depuis ce virage, je n’ai eu de cesse de croiser des personnes dans cette même vibration.

Vous qui avez connu un succès fulgurant, quel est votre rapport à l’argent ?

À l’époque je me jugeais énormément par rapport à l’argent, au fait qu’on en gagnait beaucoup et facilement. J’en ai eu une vision très négative. Aujourd’hui, avec Natalia, nous avançons sur ce sujet en considérant l’argent comme une énergie en mouvement.

A lire Changer sa relation à l'argent avec la coach Eaden R.

Quand j’étais dans la décroissance, j’avais été happé par une vidéo d’un permaculteur qui disait que si nous qui aspirions à une vision réconciliée de la planète voyions l’argent comme mauvais, le capitalisme continuerait de se gaver. Aujourd’hui j’ai compris qu’on devait être plus ambitieux, rééquilibrer l’argent et le mettre au service de nos idéaux. Je crois beaucoup à cette version.

« Tout est écrit dans nos lignes », une phrase tirée de votre nouveau titre Se souvenir de demain. Est-ce l’idée du karma ?

Oui, et c’est une question que je me pose en permanence avec mes proches. Je crois que notre futur est à la fois écrit et laissé à notre libre-arbitre. Je me sens accompagné, les grandes lignes de mon parcours me semblent écrites, et je décide de mon quotidien par les intentions que j’y pose. En même temps, n’était-ce pas écrit aussi ?

Vous avez créé une association et préparez un festival. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces projets ?

J’organise actuellement des chantiers participatifs jusqu’à la première édition du festival qui verra aussi le lancement de l’association Le Monde des Rêves, que nous avons créée avec Natalia. J’aimerais, à travers ces projets, soutenir et promouvoir tous les projets que nous considérons être au service d’un monde nouveau. L’idée est de donner vie à cet idéal grâce à des écolieux dans lesquels on installerait des scènes éphémères pour accueillir les artistes de demain, et ainsi faire des ponts entre les mondes, pour permettre au plus grand nombre d’y participer.

Son actu

Le nouvel album de Flo Delavega, Rêveur Forever (Elektra).

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