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Faut-il faire croire aux enfants que le père Noël existe ?

Jonathan Borba / Unsplash
Louise Guyonnet
Par Louise Guyonnet
Publié le 07 décembre 2022

Pour beaucoup de parents, la question ne se pose même pas : le mythe du Père Noël est tellement ancré dans nos sociétés occidentales qu'il s'agit presque d'une obligation, intégrée dans l'éducation de l'enfant. Cependant aujourd'hui, l'enfant est un acteur à part entière de l'éducation. La question du bien-fondé des mythes racontés dès le plus jeune âge, qu'il s'agisse du Père Noël ou de la petite souris est donc remise en question. Faut-il laisser l'imaginaire de l'enfant se construire au fil des légendes ? Ou le risque que la chute de l'annonce soit trop brutale doit-il pousser les parents à s'abstenir de conter ce mythe ?


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Le Père Noël : un acteur fort du paysage imaginaire de l'enfant

Pour Flore Guattari, psychologue et thérapeute pour enfants, le père Noël est un sujet récurrent au sein du cabinet. "Surtout pendant la période des fêtes, lorsque les rues commencent à arborer les décorations et qu'on demande aux enfants d'écrire leur lettre au père Noël", précise t-elle. Si les enfants en parlent, c'est parce que le père Noël provoque des sentiments chez eux, qui diffèrent en fonction de l'enfant, de son caractère, ou de la façon dont on considère la figure du père Noël dans la famille. Pour autant, "la plupart des enfants me parlent du Père Noël avec émerveillement. Plus rarement, la mention du père Noël est source de crainte. Ils ont peur de ne pas recevoir de cadeaux en raison de leur mauvais comportement."

Le Père Noël est donc un acteur très fort dans le paysage imaginaire de l'enfant, agrémenté par les efforts combinés des parents et autres vecteurs socio-éducatifs : les semaines thématiques dans les petites classes, la lettre des cadeaux, les petits souliers sous le sapin, le goûter à lui préparer pour lui donner de l'énergie au cours de sa nuit de livraison... Flore Guattari ne remet pas en question l'importance de ce mythe pour le développement de l'enfant. "Il est très important pour développer l'imaginaire", explique t-elle. Dans une interview donnée au Point, la psychanalyste Valérie Sengler explique que le Père Noël est un rite social bénéfique pour l'enfant, car il lui permet "d'attendre, de formuler des vœux, de préparer des fêtes..."

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"Des enfants ressentent un véritable sentiment de trahison envers leurs parents"

Pourtant, aujourd'hui, de plus en plus de parents hésitent à dire la vérité à leurs enfants au sujet du Père Noël. La raison ? Le "mensonge". Dans un interview au New York Post, Sierra McKenzie, mère de trois enfants, son refus de construire sa relation avec ses enfants sur un mensonge. "Pour les enfants, explique Flore Guattari, cela contribue à démonter l'image du parent modèle et idéal qui ne ment jamais. Cela peut le déstabiliser dans sa conception du bien et du mal : le mensonge peut être autorisé." Le déroutement est d'autant plus grand que souvent, les parents n'ont pas de justifications satisfaisantes pour leurs enfants. "A la question : pourquoi vous m'avez menti ? Beaucoup de parents répondent : parce que tout le monde fait ça." Le traumatisme que la révélation peut corroborer est également une source d'hésitation pour les parents. Même si ce mot semble fort, il est fondé selon Flore Guattari. "Je reçois des enfants qui ressentent un véritable sentiment de trahison envers leurs parents."

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Alors, faut-il perpétuer le rite social du Père Noël pour tous les bienfaits psychologiques que cela peut apporter à l'enfant ? Oui, mais tout en réfléchissant à une phase clé : l'annonce. Elle doit se faire dans la délicatesse, sans quoi elle peut potentiellement corroborer une perte de confiance de l'enfant vis-à-vis des parents. 

L'enfant acteur de l'annonce

Pour Flore Guattari, il est important que la révélation parte de l'enfant, en lui demandant par exemple ce qu'il a compris, ce qu'il pense de la situation... "Cela place l'enfant au centre de la situation, en position d'acteur. Ainsi, il n'a pas l'impression de subir. Et c'est lorsque l'enfant à la sensation de subir quelque chose qu'il peut garder des mauvais souvenirs, et parfois même développer des traumatismes", explique t-elle. Flore Guattari conseille également de reporter le merveilleux sur autre chose que la figure du père Noël, pour ne pas déstabiliser encore l'enfant. "Il faut tout miser sur la magie de Noël, la magie d'être réunis ensemble". Surtout, les parents doivent évincer des craintes que l'enfant peut ressentir et qui n'ont pas lieu d'être. "Par exemple, beaucoup d'enfants pensent que s'ils disent à leurs parents qu'ils ne croient plus au Père Noël, ils ne recevront plus de cadeaux, alors que bien évidemment c'est totalement faux."

Trois clés sont donc nécessaires pour vous préparer à la grande annonce : tout d'abord, prendre le temps d'expliquer, avec sollicitude et patience. Ensuite, rassurer l'enfant. Enfin et surtout, désamorcer sa déception en montrant que la magie de Noël n'est pas portée uniquement par un traineau magique ou des cadeaux fabriqués par un atelier de lutins, mais aussi par les réunions familiales et amicales.

Notre experte :

Flore Guattari est diplômée en psychologie du développement et de l'éducation. Membre de l'association 3-6-9-1-2 fondée par Serge Tisseron, elle travaille sur les nouveaux médias et les écrans en proposant des conférences et des formation.

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