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Interview

Julia Roberts : rencontre avec une icône

Julia Roberts "nous voulions habiter une maison la plus "anti-gaspillage" possible"
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Frank Rousseau
Frank Rousseau
Mis à jour le 25 février 2021
Elle était à l’affiche de "Wonder" fin décembre 2017, un film émouvant qui traite du harcèlement à l'école. Julia Roberts, toujours aussi fascinante et libre, traverse le temps sans lasser. Rencontre avec l'une des plus célèbres actrices d'Hollywood, qui nous fait rêver tout en gardant les pieds sur Terre.

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Cet article a été publié dans le magazine Fémininbio #15 Février-Mars 2018

Egérie de la couverture de notre magazine de février-mars, Julia Roberts s'est livrée dans une interview exclusive pour Femininbio où souvenirs, nostalgie et confidences s'entremêlent, nous dévoilant un soupçon de son intimité. Découvrez l'interview d'une femme simple, déterminée et talentueuse.

Dans Wonder, vous incarnez la maman d’August, un petit garçon né avec une malformation du visage qui l'a empêché d'aller normalement à l'école. Lorsqu’il y va enfin, cet enfant intelligent et sensible devient la cible des moqueries de ses camarades de classe. En tant que maman, ce sujet vous a-t-il touchée ?

Une des choses que j’aime le plus dans le livre qui a inspiré ce film, c’est qu’il ne donne pas de conseils. Il ne s'agit pas d'enseigner quelque chose, mais de donner l'exemple. Dans Wonder, je joue une mère qui parle à son enfant, notamment de ce qu'elle ressent pour lui. Elle comprend sa souffrance. Elle comprend qu’il soit rejeté mais elle sait aussi que toute forme d’interventionnisme ne résoudrait rien. Au fond, c’est August qui détient la solution. Lorsqu'il aura trouvé sa propre identité, il pourra montrer à ses harceleurs, petit à petit, comment ne plus se focaliser sur son apparence extérieure mais sur ce qu’il a dans la tête et dans le cœur.

Si vous deviez décrire votre propre enfance ?

J’apprécie encore aujourd’hui d’avoir eu une enfance heureuse et épanouie, avec notamment de grandes et profondes discussions avec mes parents. C’est d’ailleurs ce que j’essaie de faire avec mes enfants aujourd’hui. Dialoguer. Écouter. Mais l’époque a changé. C’est plus difficile de parler, de s’ouvrir, de prendre le temps, de se poser. J’ai la chance d’exercer un métier qui me laisse d’immenses plages de liberté. Je sais à quel point je suis une privilégiée comparée à toutes ces familles, ces mères, ces pères qui passent tellement de temps en dehors de chez eux !

Vous semblez apprécier le rôle de mère au foyer. N’est-ce pas un peu en contradiction avec les grandes théories féministes que vous défendez dans vos films et dans votre vie ?

Ne mélangez pas tout ! On peut être une féministe convaincue et aimer faire la lessive et cuisiner. Ce n’est pas incompatible. Lorsque je raconte à la presse que je lave mes vêtements, que je dégraisse mes casseroles, que je tricote et que je vais faire moi-même mes courses, les journalistes me regardent toujours avec de grands yeux écarquillés. C’est pourtant la vérité, je n’invente rien.

Vieillir, c’est quelque chose qui vous affecte ?

Vous savez, comme toutes les femmes j’ai longtemps appréhendé le passage à une autre dizaine. Mais le jour où vous comprenez que cela ne sert à rien de combattre l’inexorable marche du temps, vous vous apercevez que nous ne vivons pas une vie mais plusieurs vies. À chaque étape de votre existence correspondent des expériences différentes. C’est un peu comme une boîte de chocolat. Sur l’étiquette, il est écrit "chocolat", mais une fois que vous ouvrez la boîte, vous vous apercevez qu’il y en a plein de différents ! Certains sont bons, d’autres surprenants, d’autres pas très bons… C’est ce qu’offre aussi la vie, beaucoup de surprises !

Vous êtes la première actrice de l’histoire du cinéma à gagner autant que Mel Gibson, Harrison Ford ou encore Tom Cruise. Quel effet cela vous fait ?

Lorsque l’on vient de la classe moyenne, on n’oublie jamais ses origines et j’ai pleinement conscience d’être privilégiée, d’avoir les moyens d’une ridicule débauche de luxe si l’envie m’en prend. Vous savez, si ça me rendait encore meilleure actrice, je n’aurais aucun scrupule à demander plus de zéros sur mon chèque. Mais l’argent ne vous bonifie pas.

On a beaucoup écrit sur votre sourire. Que vous inspire le fait qu’il soit rentré dans la légende d’Hollywood ?

Ce sourire, il est tellement grand qu’il me donne aussi parfois l’impression d’avoir un cintre dans la bouche ! Cela vient de ma dentition. Petite, j’avais ce qu’on appelle les "dents du bonheur". J’ai donc dû me résigner à porter un appareil dentaire. Un petit conseil aux filles qui sucent encore leur pouce : arrêtez, sinon vous n’y échapperez pas ! (rires)

Comment définiriez-vous la célébrité ?

Tout ce que je sais, c’est que quand elle vous tombe dessus la première fois, c’est comme si vous surfiez sur la vague d’un tsunami. Il y en a qui arrivent à garder l’équilibre tout au long de leur vie. D’autres qui le perdent et qui finiront par disparaître à jamais sous les eaux de l’oubli... à moins d'avoir une force intérieure et de savoir suivre les bulles qui vous feront remonter à la surface. Mais rares sont ceux et celles à Hollywood qui arrivent à surnager !
Si un médium m’avait prédit il y a trente ans que j’arriverais un jour sur la crête de la vague, je ne l’aurais pas payé pour sa consultation... peut-être même que je l’aurais traité de menteur !

Vous considérez-vous comme une star ?

Ce sont les médias qui m’ont collé ce titre de "star". Du coup le public a une perception tronquée : il s’imagine que j’habite à Hollywood alors que je vis à New York, que je ne me déplace qu’en limousine alors que j’adore marcher, que je mange des seaux de caviar à la louche quotidiennement alors que je préfère les spaghettis ! Je ne suis pas démago lorsque je vous dis que je fais mes courses au supermarché ou que je vide mes poubelles. Ce que j’aime le plus, c’est qu’on ne me reconnaisse pas !

Vous êtes aussi une femme qui a toujours aimé sortir de sa zone de confort. Il y a quelques années, vous avez présenté sur la chaîne américaine PBS un documentaire sur les orangs-outangs de Bornéo et un autre sur les chevaux takis, des chevaux sauvages qui vivent en Mongolie et qui ont hélas pratiquement disparu…

Je pense souvent à ce voyage, d’autant que j’ai une vraie passion pour l’équitation. Pour PBS, j’étais partie à la rencontre des chevaux de Mongolie. Ce fut une aventure exceptionnelle et inoubliable. L’occasion également de sympathiser avec la population locale, des gens incroyablement ouverts, désintéressés et généreux. Vous avez faim, ils vous nourrissent. Vous avez froid, ils vous donnent leur manteau. Vous êtes seule, ils viennent vous parler. J’ai même été adoptée par une famille là-bas. Pendant plusieurs semaines, nous avons bivouaqué dans des campements sans toilettes, sans air conditionné et sans électricité. Le genre d’expérience qui vous fait très vite redescendre sur Terre, d’autant que personne ne me connaissait sur place…

Vous avez la réputation de passer beaucoup de temps dans votre jardin à essayer de faire pousser des légumes. Est-ce Erin Brockovich qui vous a inculqué cette passion verte ?

Erin m’a fait comprendre certaines choses. Notamment la puissance des lobbies. Mais en tant que mère, vous ne pouvez pas ignorer l’environnement. Il était essentiel que je sensibilise mes enfants dès leur plus jeune âge à cette question majeure. Nous nous faisons un devoir de consommer tout ce qui pousse dans notre jardin. En ce moment [en novembre, ndlr], nous avons des betteraves, des laitues et des tomates. Nous possédons également deux avocatiers qui sont très généreux. Sans oublier nos poules qui nous pondent de beaux œufs!

Il paraît que dans votre quartier on vous surnomme "Recycled woman" ?

Je prends ça comme un compliment. Je l’admets, je suis très focalisée sur le recyclage. Et qu’on ne me dise surtout pas que ça prend du temps ! Le tout, c’est de s’organiser et de faire appel au bon sens. Ce n’est pas compliqué de faire la différence entre une bouteille de verre et des boîtes de céréales vides en carton. À la maison, nous avons un système de tri sélectif des poubelles extrêmement drastique. En ce moment, je développe le compostage domestique avec mes enfants. Nous réduisons le volume de nos ordures ménagères à traiter par la collectivité et, parallèlement, nous enrichissons en apports organiques divers la terre de notre jardin.Au bout de la chaîne, nous savourons des légumes que nous faisons pousser nous-mêmes. C’est économique, garanti sans pesticide et infiniment meilleur pour la santé ! Et la traçabilité est béton !

On lit partout également que votre maison serait l’une des plus écologiques de la côte ouest. Vous confirmez ?

Je ne me suis pas amusée à lancer une étude comparative, mais ce que je sais c’est que ma maison de Malibu est un concentré de technologie verte. Il n’y a pas un mur qui ne soit constitué de panneaux de bois provenant de forêts dont la gestion durable a été certifiée par un organisme indépendant. Mes vitres et le carrelage de certaines pièces sont pour leur part produits à partir de matériaux recyclés. J’ai également fait installer sur le toit de ma villa des panneaux solaires, une mini-éolienne, un système de récupération de pluie équipé de filtres qui me permet d’économiser l’eau, etc. Les consignes que nous avions donné à notre architecte étaient claires : nous voulions habiter une maison la plus "anti-gaspillage" possible !

C’est impressionnant, mais cela a un coût…

C’est vrai, mais plus il y aura de gens qui choisiront ces technologies vertes, plus la facture finale diminuera. J’invite donc toutes les familles qui le peuvent à s’y mettre. En plus des réductions d’impôt que votre gouvernement peut vous accorder, c’est la réduction des émanations en CO2 que vous obtiendrez au bout du compte. Et ça, ça n’a pas de prix !

Vous qui êtes une écolo convaincue, croyez-vous qu’un jour Donald Trump comprendra que le réchauffement climatique est bien dû aux activités humaines ?

C’est à lui de vous répondre ! Pour ma part, je sais que je mets tout en œuvre pour réduire l’empreinte carbone. Nous sommes une famille de cinq et notre première mission c’est d’avoir un impact limité en termes de détritus. Quand mes enfants vont à l’école, par exemple, je leur mets leur repas dans des boîtes réutilisables. C’est en réunissant tous ces petits gestes, toutes ces petites actions, que vous faites un jour de grandes choses. Le plus important c’est déjà d’en avoir conscience et ensuite d’agir.

Le film
Wonder
de Stephen Chbosky,
Durée : 1 h 51

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