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Sans OGM

Charles Kloboukoff : « Nous avons toujours réussi à nous nourrir sans OGM »

Lea Nature
Anne Ghesquière
Anne Ghesquière
Mis à jour le 25 février 2021
Le groupe LéaNature a participé au financement de l’étude menée par le Professeurs Séralini et son équipe, qui pointe les conséquences sanitaires désastreuses des OGM sur l’organisme. Rencontre avec Charles Kloboukoff, patron de LéaNature, pour une discussion garantie 100% sans OGM.

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Est-ce le rôle d’une entreprise privée que de financer ce genre d’enquête ?

La situation l’impose : les pouvoirs publics et les autorités compétentes ne remplissent pas leur rôle en la matière. Nous sommes donc dans une procédure de substitution. Ce n’est pas idéal, mais à moins d’un gros scandale sanitaire qui fasse prendre conscience de la situation aux décideurs, nous devons continuer à porter ce rôle de contre-expertise.

Ne financez-vous pas les études qui vont dans les sens de vos idéaux ?

Le groupe n’est pas le commanditaire de l’étude. LéaNature participe au financement des travaux du professeur Séralini car nous le soutenons en tant que professeur qui s’interroge sur les effets des OGM sur l’être humain. Notre aide financière est désintéressée. Il n’a pas de parti pris et sa démarche est scientifique. Il a fait appel au secteur privé, car il n’a pas trouvé de fonds publics pour financer sa contre-expertise.


Comment éviter les OGM ?
Le meilleur moyen est de ne pas en consommer de façon volontaire, cela évite de favoriser le développement de telles formes de production. Autrement, il faut être très attentifs lorsque l’on achète des produits et bien lire les informations présentes sur les étiquettes. Le label AB des produits bio est aussi une garantie.


Mais en dehors de la garantie du bio, comment se repérer ?

C’est pour sortir de cette zone d’ombre que je voudrais voir émerger un vrai label « Sans OGM ». L’actuel est méconnu et incompris. Les consommateurs restent méfiants. Un débat doit émerger sur ce sujet : quels seuils veut-on, pour qui, pourquoi ? Un tel débat obligerait les marques à se positionner, les consommateurs en sortiraient gagnants.


Le bio ne serait-il pas concurrencé par un tel label ?

Les produits non bio ne sont pas forcément mauvais. Un label « Sans OGM » serait un point de repère important pour départager les produits dans le vaste marché de l’alimentation conventionnelle. Quant au bio, il doit démontrer aux clients ce qu’il leur apporte de plus. Par exemple, sans OGM ne veut pas dire sans pesticides.


Faut-il protéger davantage la restauration scolaire des OGM ?

Les normes sanitaires actuelles obligent à transformer au maximum les produits avant leur arrivée sur le lieu où ils seront mangés. Or, pour assurer la conservation des produits transformés, les industriels ont recours à des agents comme le maïs ou le soja dont on sait qu’ils sont souvent produits en culture OGM. C’est inquiétant, car les enfants absorbent beaucoup facilement les OGM. L’alimentation infantile a des normes très strictes concernant les OGM, et c’est très bien. Mais je suis étonné que l’on considère un enfant de trois comme un adulte. Il devrait y avoir une réglementation spécifique pour les enfants, au moins jusqu’à l’adolescence.


Vous partagez donc une vision négative des OGM?

Je suis éffaré par les logiques qui sous-tendent les OGM. Je fais partie de ceux qui pensent que la logique des OGM reprend les idées terribles de l’eugénisme : on veut des fruits et légumes parfaits selon des critères économiques arbitraires, pour cela on procède à une sélection drastique et artificielle. Les OGM privent le monde de sa diversité, or cette diversité est sa principale richesse.
 

Comment voyez-vous l’avenir des OGM ?

Il est temps de se demander à quoi ils servent. Nous avons toujours réussi à nous nourrir sans OGM, pourquoi aller vers une agriculture dépendante d’eux ? Ce n’est pas réaliste de penser qu’ils sont à eux-seuls la solution. A ceux qui pensent que la Terre a besoin d’un coup de pouce artificiel pour nous nourrir, je demande : et le gaspillage alimentaire ? On jette près de la moitié de nos récoltes à cause du marketing. C’est autant de souveraineté alimentaire perdue.

Au terme de cette interview, on comprend bien que vous êtes contre les OGM. Vous retrouvez-vous dans la pensée des agro-écologistes ?

Totalement. Les penseurs de l’agro-écologie montrent qu’une agriculture vivante, c’est-à-dire sans OGM, protège les sols. Or des sols vivants assurent de façon naturelle une rentabilité de production agricole à long terme. Il est temps de redonner aux agriculteurs leur vraie place. Ils disposent d’un savoir-faire que nous tuons petit à petit en les obligeant à produire toujours plus et de façon artificielle. Il est urgent que l’homme retrouve le lien profond qui le lie à la Terre. Elle est notre Terre nourricière, nous dépendons d’elle.
 

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