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« Solutions locales pour un désordre global », le film de Coline Serreau dérange !

Mis à jour le 25 février 2021
Solutions locales pour un désordre global, sorti au cinéma le 7 avril dernier, dresse un état des lieux des solutions engagées à travers le monde pour faire face au naufrage de notre agriculture.

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Le film événement de Coline Serreau

Dans un communiqué de presse daté du 9 avril 2010, le Groupement National Interprofessionnel des Semences (GNIS) réagit vigoureusement aux propos tenus par le fondateur de l’association Kokopelli, Dominique Guillet, au sujet du marché des semences.

En effet, le GNIS, composé de professionnels de la filière semencière française, propose une vision de l’agriculture très différente de celle défendue par les intervenants du film, fondée sur la commercialisation de semences protégées par un droit de propriété intellectuelle en restreignant l’accès et la reproduction.

Kokopelli propose un autre modèle. L’association diffuse en France et dans le monde entier, une collection de plus de 3.000 variétés de semences potagères anciennes, librement reproductibles et issues de l’agriculture biologique. L’association a pour objectif de protéger les ressources génétiques et l’humus par des pratiques d’agricultures durables et d’aider les communautés rurales des pays du tiers monde par le don de semences.

Dans son communiqué, le GNIS prétend que l’association ne pratiquerait pas le don de semences à titre gratuit. Il convient ici de souligner que la vente de semences sur des salons ou par le biais de son site internet permet à l’association, qui ne bénéficie pas de subventions publiques, de récolter les fonds nécessaires à la réalisation de son objet social. C’est ainsi qu’en Inde, Kokopelli distribue gratuitement 15.000 sachets de semences chaque année (150.000 sachets depuis 2000). De même, le don de semences a d’ores et déjà bénéficié à près de 650 communautés du monde entier depuis 2003.

Le GNIS insinue par ailleurs que la collection de semences de Kokopelli serait « souillée » par des variétés modernes en provenance du continent américain. Il s’agit ici d’une référence aux variétés créées par Tom Wagner, sans aucun brevet, selon les méthodes traditionnelles de sélection. Kokopelli est fier d’en posséder quelques unes dans sa collection. A noter par ailleurs que certaines de ces variétés figurent également sur les catalogues des membres du GNIS.

Dans Solutions locales pour un désordre global, Dominique Guillet, fondateur de Kokopelli, Lydia et Claude Bourguignon, fondateurs du LAMS et Philippe Desbrosses, fondateur de l’Intelligence Verte dénoncent la spoliation des paysans par les industriels, avec l’aide de la réglementation. Des propos qui dérangent. Pourtant quel autre constat faut‐il faire aujourd’hui face au contenu du « Catalogue français des espèces agricoles cultivées » du Ministère de l’Agriculture ? 6000 semences hybrides, non reproductibles ! Pour le GNIS ce chiffre serait synonyme de variété et de diversité. Il est utile de préciser que des centaines de « variétés » de ce catalogue sont identiques les unes aux autres, ne se distinguant que par des traits génétiques imperceptibles. Il en résulte une très grande uniformisation du patrimoine semencier présenté à la vente. Le Catalogue officiel n’est donc pas un indicateur fiable de la biodiversité cultivée en France.

Les paysans français disposaient encore librement, avant guerre, d’un patrimoine de dizaines de milliers de variétés ! Rappelons qu’en un siècle 75% des variétés comestibles ont disparu de la planète ‐ Rapport de la FAO, 1992.

Enfin, le Grenelle de l’Environnement n’a nullement consacré l’utilité du « Catalogue officiel », comme l’évoque le GNIS, mais propose au contraire la création d’un nouvel outil qui permettrait les échanges et la commercialisation de la « biodiversité domestique et cultivée ».

Le GNIS, par son communiqué, joue de son statut hybride, à la fois public et privé, pour créer la confusion entre intérêt général et intérêts privés. En sortant ainsi de la réserve que lui impose son statut de personne publique, il cultive regrettablement l’image de la collusion de nos institutions avec les intérêts des industriels privés.

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