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Poésie

L’esprit Haïku pour alléger sa vie

Tout est source d'inspiration pour un haïku
Pixabay
Pascale Senk
Mis à jour le 25 février 2021
Connaissez-vous les immenses bienfaits du minuscule Haïku? Ce poème japonais en 3 lignes et environ 17 syllabes permet étonnamment d'exprimer une infinité d'émotions.

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Rentrant de randonnée ce dimanche matin, j’ai griffonné puis retravaillé trois lignes sur un post-it :

tournées au soleil
les branches encore nues s’étirent
- longue fin d’hiver

Je voulais exprimer un peu de mon impatience devant ce froid de février qui dure. Je voulais me souvenir aussi de ces branches graciles qui tremblaient dans le ciel. Comme j’aurais pris une photo « existentielle », j’ai donc écrit un haïku, poème bref d’inspiration japonaise, généralement composé en 5, 7 et 5 syllabes. Désormais, cet instant fugace est écrit dans l’un de mes multiples petits carnets. Quand je relis ce poème, je le revis.

Voilà une dizaine d’années maintenant que la voie du Haïku est entrée dans ma vie. Mon ignorance de la langue et de la poésie japonaises n’a pas été un obstacle à cette passion croissante. Je m’y suis initiée en dévorant les dizaines d’anthologies traduites pour le public français ou anglophones.

Avec le Haïku, tout commence là : sur des pages presque blanches, vous lisez des petits pavés comme suspendus. Celui-ci, du grand maître Bashö, par exemple :

le vieux puits !
du poisson qui happe un moustique
le bruit dans la nuit ! (1)


ou un « moderne », de Virginie Colpart

retour de la plage
une journée de bonheur
sèche sur le fil (2)


Vous êtes alors peu à peu touché par quelque chose d’énigmatique, une image forte qui naît du silence. C’est le premier effet de la lecture de haïkus : ils nous éveillent, affutent notre sensibilité quand nous croulons sous les contraintes, les discours bavards, les informations en continu… « Chut ! nous dit le haijin (personne qui écrit des haïkus), écoute l’essentiel ! ».

En si peu de syllabes, le nano-poème nous rappelle en effet ce que, accablés de « charge mentale », nous ne voyons plus : la beauté de la nature ; la poésie des saisons ; la force de ce qui est humble, petit, discret ; mais aussi l’incongruité voire l’absurde de certaine situations, les raisons de se réjouir, de remercier, de célébrer l’amitié…

Pour les Occidentaux que nous sommes, nourris de concepts, de métaphores et alexandrins que nous avons appris par cœur dans des poésies fleuries, le choc peut être extrême. Mais dans la vie de celui qui a été touché en plein cœur, le haïku diffusera le goût de la simplicité et des plaisirs fugaces. Mieux, il aiguise l’attention et l’observation de l’infime, ce dont je peux témoigner.

Ayant de grandes difficultés, dans mes journées remplies et néanmoins passionnantes, à m’asseoir immobile une dizaine de minutes pour méditer, j’ai trouvé dans cette voie de la poésie brève (en lire, puis en écrire), une véritable forme de méditation active. Je suis devenue plus attentive à ce qui se passe en moi et autour de moi. Tous les haijins que je rencontre m’ont parlé d’une même expérience : la pratique du haïku rend plus conscient, plus sensible et plus vivant.

D’ailleurs quelle ne fut pas ma joie de découvrir, au cours de mes différentes enquêtes sur cet art minuscule, qu’un scientifique a présenté une étude aboutissant aux mêmes conclusions . Robert H. Deluty , Professeur de psychologie de l’université de New York  a en effet montré que la pratique du haïku partage avec la psychothérapie quelques effets notablesdéveloppement de l’authenticité, de la perspicacité, de l’humour, de la sobriété matérielle…

Et puis, cerise sur le gâteau, il faut savoir que le « haïku writing » se pratique aussi à plusieurs, sur internet ou dans des ateliers appelés Kukaïs où l’on peut améliorer ses poèmes avec d’autres apprentis poètes, voter pour celui que l’on préfère, s’exercer à partir de thématiques tirées au hasard… Quel jeu joyeux ! Le « petit format » permet donc,  aussi, de tisser des liens sociaux et créatifs avec des personnes qui partagent le goût de la légèreté et des mots justes. N’est-ce pas là l’essentiel ?

(1)    traduit par Vincent Brochard dans L’art du haïku (éd livre de poche)
(2)   dans Mon Année Haïku de Pascale SENK (ed. Leduc.s)

Retrouvez le TEDx de Pascale Senk sur l'art du haïku :

Bonne nouvelle
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