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Interview engagée

Juliette Binoche : dialogue avec un ange

Juliette Binoche interview magazine FemininBio #19 Octobre/Novembre 2018
" Nous avons un pouvoir beaucoup plus grand que ce que nous imaginons." Juliette Binoche, pour FemininBio Magazine
Tiago Banderaa /H&K
Anne Ghesquière
Anne Ghesquière
Mis à jour le 25 février 2021
On l'imagine forte, fragile, rieuse, secrète, assumée, proche et insaisissable... Juliette Binoche est tout cela à la fois. Icône engagée du cinéma français, féministe et consciente, elle fait partie de ces femmes qui marquent leur passage sur Terre. Au cœur de ses nombreux projets, elle a accepté de répondre avec passion à notre "interview intérieure" pour le magazine actuellement en kiosque.

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Cet interview a été publiée dans le magazine FemininBio #19 octobre-novembre 2018

>> Pour acheter le magazine en PDF, c'est ici

On l'aime pour sa sensibilité exacerbée, sa féminité assumée, ses yeux rieurs qui nous rendent si proches d'elle. On l'admire pour ses rôles emblématiques, son impressionnante filmographie et sa carrière en France et à l'international.

Juliette Binoche est également cette femme engagée qui prête sa voix au film Malaria Business, accompagnant Lucile Cornet-Vernet sur le sujet de l'Artemisia, cette plante qui soigne le paludisme

Début septembre elle lançait, avec l'astrophysicien Aurélien Barrau, un appel interpellant le gouvernement suite à la démission du ministre de l'écologie, Nicolas Hulot. Un acte militant aussitôt signé et relayé par 200 personnalités, appelant à une action politique "ferme et immédiate" face au changement climatique.

Nous avons voulu rencontrer cette personnalité unique et spirituelle dans une interview tournée vers son être. Et quel voyage !

FemininBio : Que recherchez-vous, aujourd'hui, dans les rôles que vous choisissez ?

Juliette Binoche : Le risque. Le bonheur. La grâce. La folie. Et aussi de ne pas savoir, de laisser un endroit sans idée préconçue. C’est parfois en jouant que je me rends compte de la portée d’un rôle, car les raisons sont parfois cachées.
Les traversées se font avec le metteur en scène. Le choix du metteur en scène est primordial, car l’esprit dans lequel on travaille se reflète en nous, il donne du courage, de l’enthousiasme et du désir pour se donner.
J’aime travailler avec des artistes indépendants, qui ont une vision, un cinéma qui leur est propre, mais il m’arrive de faire des films avec des metteurs en scène moins "auteurs", et j’ai aussi beaucoup de plaisir à partager un parcours de film. C’est un cinéma moins exigeant mais qui, humainement, peut m’apporter beaucoup.

Comment voyez-vous votre évolution personnelle par rapport à l'actrice d'il y a vingt ans ?

Les valeurs changent, avec l’évolution dans le temps les importances diffèrent. Je pense que le sentiment de culpabilité dans ma vie était plus fort il y a vingt ans. Je n'agissais pas toujours en accord avec ce que je ressentais. Je pense que le temps m’a appris à voir plus clairement, en posant une distance, à savoir ce qui m’appartient ou ce qui ne m’appartient pas, ou ce que je désire vivre et ce que je ne veux plus vivre. Si les voyages forment la jeunesse, l’expérience forme la vieillesse !
J’ai moins de patience dans un sens, la chantilly dégringole plus facilement, mais à la fois, je crois avoir plus de distance avec mes émotions, je supporte mieux les autres. Cependant, j'ai toujours le même défaut, une tendance à juger trop vite. J’espère changer !

Un mot sur vos projets 2018-2019 ?

J’ai de nombreux projets, cela me donne un peu le tournis d’ailleurs, mais j’ai appris à ne pas anticiper, car je sais comme la vie change parfois tout ce qu’on a prévu. Le vent est libre !
En octobre et novembre, je tourne avec Kore-eda un film avec Catherine Deneuve et Ethan Hawke, à Paris. J'en suis très heureuse, cela fait plus de dix ans que nous parlons de faire un projet ensemble, et j’attends avec impatience la rencontre avec Catherine Deneuve. Peau d’âne a été un film culte de mon enfance, je connais la chanson du gâteau par cœur et j’ai été très amoureuse de Jacques Perrin...

On vous sait très inspirée par le féminin sacré. Quelles déesses archétypes vous parlent le plus ? Pourquoi ? 

J’ai une passion pour la mythologie et tous les contes. J’ai lu des livres à mes enfants tous les soirs !
Dernièrement, j’ai lu Femmes qui courent avec les loups, de Clarissa Pinkola Estés, je suis folle de ce livre ; c’est un ouvrage majeur pour toutes les femmes (et aussi les hommes) !
La déesse Inanna m’a toujours fascinée, c’est la déesse de l’Amour, celle qui descend au septième sous-sol pour que l’humanité s’éveille. Les Sumériens ont écrit beaucoup d’histoires sur elle.

Qu'est-ce que vos enfants vous enseignent ?

La patience, la confiance, l’amour, tout simplement.

Vous êtes amie avec Marguerite Kardos, cette linguiste, sumérologue et naturopathe, qui anime des rencontres autour des Dialogues avec l’ange, votre livre de chevet. Que vous apporte-t-elle ?

Sans elle, je n’aurais pas aussi bien entendu le message des Dialogues.
Ce livre m’est intime, je le lis souvent, il m’a aidé à vivre, il m’a sorti de situations parfois tristes sur les tournages, ou de solitude, ou de chagrin. C’est un livre parcours, chemin. Il est toujours à mes côtés. Son exigence et sa vérité m’ouvrent et me nourrissent.
Les connaissances du soufisme, du taoïsme et des traditions chrétiennes de Marguerite me nourrissent profondément. Je ne connais pas de femme plus généreuse.

Quel rapport avez-vous avec votre corps, le mouvement, l'énergie, le qi ?

Vaste sujet... J’ai découvert mon corps en étant actrice, en devant recréer des sensations et des sentiments à travers les personnages que j’ai incarnés, mais aussi avec la danse, en vivant avec mon corps l’espace-temps différemment, et ensuite également avec le qi gong, en sentant les centres d’énergie par des mouvements plus doux, plus conscients, des méditations, des perceptions nouvelles.
Nous avons un pouvoir beaucoup plus grand que ce que nous imaginons. Malheureusement, nous réduisons notre corps dans des habitudes, et nos perceptions, nos liens entre le corps et l’intérieur du corps sont quasi nuls, alors qu'il est un lieu de transformation infini. Annick de Souzenelle le décrit magnifiquement dans Le symbolisme du corps humain.

>> A lire sur FemininBio Qi Gong & méditation : accéder à la pleine conscience


Notre système de médecine occidentale, entre autres, réduit le corps à une chose, à des muscles, à une mécanique, avec unetendance à lorgner sur les résultats sans chercher la cause ; il y a des exceptions, évidemment. C’est une médecine de superficie, qui tend à essayer de "résoudre" au lieu de comprendre le langage du corps. Je suis une adepte de l’acupuncture et de l’ostéopathie. La conscience des politiques est très en retard sur le sujet ; c’est dommage, car nous perdons beaucoup de temps et les souffrances s’accumulent. Notre intelligence intuitive doit retrouver le centre de notre être, car le chemin a été brouillé, et je dirais même manipulé.

Quelle est l'énergie qui vous porte le plus ?

C'est l'esprit de vérité qui me porte. Dire, c’est bien, dire et faire, c’est mieux !

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