Cet extrait est tiré du livre Des hommes en chemin - Vers un masculin conscient de Didier de Buisseret paru aux éditions Massot.
Certains hommes n’ont que mépris pour la dimension émotionnelle de l’intelligence. D’autres perçoivent son intérêt, mais n’y ont que très modérément accès, leur éducation ne leur ayant pas donné les clés de compréhension. Et d’autres encore, moins nombreux, la maîtrisent très bien, plus souvent dans les jeunes générations.
La plupart des hommes n’ont pas acquis ce langage, à force de s’entendre dire que l’émotionnel n’est pas important et ne les concerne pas réellement.
Oser soulever le couvercle
Comme ils ont érigé un mur entre leurs émotions et eux, les hommes ne les maîtrisent pas. Ils développent une appréhension face à ce monde intérieur, effrayant parce que méconnu. Lorsque je découvre le développement personnel, l’expression des émotions n’est pas mon fort et j’ai à cœur d’évoluer sur ce point. Je me souviens avoir parlé avec enthousiaste à mon père de mes récentes expérimentations. Je me rappelle sa réponse entre appréhension et désapprobation : "Mieux vaut ne pas creuser ces choses-là. Moi, je ne touche pas au couvercle..." Un écart générationnel...
Le monde des émotions ressemble à la boîte de Pandore. Si on prend le risque d’entrouvrir le couvercle, qui sait ce qui peut en sortir ? Le flux des émotions est une rivière dont un barrage a stoppé le cours. Si on lève le barrage, la crainte est que la masse d’eau se déverse comme une cascade, emportant tout sur son passage.
Cette crainte n’est pas fondée. Même si l’ouverture aux émotions peut être vécue comme « bousculante » et inconfortable, il s’agit d’une période transitoire. Assez rapidement, la rivière retrouve son flux normal.
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Cette ouverture peut aussi se dérouler tout en douceur. C’est la méconnaissance que nous avons du monde des émotions qui lui donne cet aspect effrayant. Le plus souvent, une fois la porte ouverte, la baudruche se dégonfle et n’accouche plus que d’une souris.
Mais il se peut également que des émotions violentes attendent derrière la porte, comme par exemple un souvenir traumatique lié à un événement passé. Dans ce cas, il est souhaitable que cette ouverture aux émotions se fasse dans un cadre sécurisé et avec l’accompagnement d’une personne compétente.
Globalement, plus nous sommes en contact avec nos émotions, plus nous les apprivoisons, plus nous savons les anticiper et nous comporter face à elles.
Une écoute régulière de son monde intérieur peut également être vue comme une pratique d’hygiène émotionnelle qui, telle une soupape, évacue au fur et à mesure le trop-plein et permet d’éviter l’effet de cascade.
L'auteur :
Cet extrait est tiré du livre Des hommes en chemin - Vers un masculin conscient de Didier de Buisseret paru aux éditions Massot.
Didier de Buisseret est thérapeute psycho-corporel, spécialisé dans le massage tantrique et l’accompagnement de couple. Il anime régulièrement des stages invitant à explorer la relation à soi et à l’autre.