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Rencontre avec Laurent Gounelle: se libérer de l'ego pour découvrir son trésor intérieur

"Développer un état d'amour au quotidien"
© Philippe Matsas / Kero
Anne Ghesquière
Anne Ghesquière
Mis à jour le 25 février 2021
Passionné de philosophie et de psychologie, Laurent Gounelle signe un roman initiatique dont on ressort transformé. Et tu trouveras le trésor qui dort en toi est une lecture surprenante et percutante qui ne manquera pas de réveiller nos consciences. Rencontre.

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Votre livre a pour thème principal l’ego. Pourquoi ce sujet ?
L’ego est un sujet aussi passionnant que méconnu. Pour l’expliquer en deux mots, je dirais qu’on ne sait pas qui l’on est véritablement au plus profond de nous-mêmes, alors on se raccroche à des choses que l’on croit être nous mais qui ne le sont pas. On peut appeler “ego” ces fausses identités, ces fausses idées que l’on se fait de soi-même, ces illusions que nous entretenons sur qui nous sommes.
Sans que nous en ayons conscience, l’ego est à l’origine de la plupart des problèmes que nous rencontrons au quotidien. Une libération de l’ego peut vous faire passer de l’enfer au paradis.

Vous proposez des exercices dans votre livre. Et vous, qu’avez-vous expérimenté pour vous délester de l’ego ?
La vie m’a appris assez tôt à me “désidentifier” de tout ce à quoi les gens s’accrochent habituellement. Par exemple, en me dotant d’un corps trop maigre dont j’avais honte étant jeune, la nature m’a en fin de compte permis de comprendre que j’existais malgré tout, que ma valeur était ailleurs, invisible.
En affrontant des échecs professionnels à répétition jusqu’à l’âge de 30 ans, j’ai appris que j’existais indépendamment de tout succès. J’ai ainsi progressivement acquis le sentiment, d’abord confus, puis très clair, que j’étais autre chose, que ma valeur était totalement indépendante de tout ce à quoi je pouvais ressembler ou de tout ce que je pouvais faire.

Comment savoir si nous sommes en chemin pour nous libérer de l'ego ? Faut-il être accompagné ?
La difficulté avec l’ego tient à sa résistance : plus vous cherchez à vous en défaire, plus il s’accroche. Une solution consiste à ne pas lutter, mais à dépasser l’ego, à aller au-delà de soi, par exemple en découvrant la puissance incroyable de nos actes lorsqu’on n’agit pas pour nous mais pour la beauté du geste, ou encore pour servir une cause plus grande que nous.
Être accompagné est un atout incontestable, à condition de bien choisir son accompagnateur... J’ai toujours à l’esprit l’exemple de Gurdjieff qui faisait faire n’importe quoi à ses disciples pour les amener à se libérer de leur ego. Ne confiez pas aveuglément votre quête identitaire au premier venu !

Vous dites que l'estime de soi et la confiance permettent de tourner à ses pleines capacités. Comment faire ?
Je pense qu’il est nécessaire de commencer par développer un ego sain avant de pouvoir s’en libérer. Le problème de la plupart des gens vient fréquemment d’un ego blessé, par exemple d’un manque de reconnaissance dans leur enfance. Un ego blessé cherchera souvent à exister à tout prix, de façon problématique. Regardez la quête maladive de réussite de certains hommes politiques ou chefs d’entreprise, la soif incontrôlable de possessions, ou encore le besoin irraisonné d’avoir toujours raison…
Apprendre à s’aimer véritablement, à développer estime et confiance en soi, permettra de plus facilement lâcher prise par la suite. Arnaud Desjardins disait : “Pour se donner, il faut d’abord s’appartenir.”

Vous aimez-vous plus aujourd’hui que dans le passé ?
Je m’aime beaucoup plus aujourd’hui qu’il y a trente  ans, et depuis cinq ou six ans je m’intéresse nettement moins à ma personne, je m’accorde moins d’importance que dans le passé. Je ne suis pas dans l’oubli de moi-même, mais c’est comme si j’étais passé à autre chose. Vraiment. Ne le prenez pas comme une tentative de mon ego de vous prouver que je me suis libéré de l’ego ! Ce n’est d’ailleurs pas le cas : j’ai conscience du travail qui me reste à accomplir.

Saint Augustin disait : “Aime et fais ce que tu veux.” Cela vous inspire-t-il ?
Oh oui ! L’amour au sens large permet de sortir de soi, de se dépasser naturellement en se tournant vers l’autre, les autres, la vie. On gagne tous à développer un état d’amour au quotidien, comme une philosophie de l’existence. Apprendre à aimer, à ressentir chaque jour de la gratitude pour ce que nous offre la vie, est la certitude de connaître la joie.

Est-ce possible de vivre ses désirs sans pour autant en devenir esclave ?
Oui, si ces désirs correspondent à des aspirations profondes issues de vos valeurs et non à des envies inculquées par l’extérieur. Jésus disait : “Quiconque commet le péché devient esclave du péché.” Ces mots ont longtemps été mal compris : ils désignent en fait ce qui nous éloigne du bonheur en maintenant notre conscience dans une condition inférieure.

Êtes-vous croyant ? Parlez-nous de votre foi ?
Je n’ai pas été formaté au sein d’une religion, mes parents ne m’ayant jamais fait suivre aucune instruction religieuse. Ma foi est donc le fruit d’une vraie liberté dans ce domaine.
Je suis croyant, selon une vision assez panthéiste de Dieu, un peu à la manière de Spinoza. Une vision non dualiste que l’on trouve plus en Asie qu’en Occident. Je crois qu’il existe une force créatrice, supra-religieuse, qui à la fois nous contient et se trouve en nous, au plus profond de nous-mêmes. L’homme a en lui une part de divinité avec laquelle il peut entrer en contact, et que l’on peut faire émerger. J’ai d’ailleurs de plus en plus tendance à croire que cela fait partie de notre mission sur Terre : découvrir le dieu présent en nous.

Sans trop en dévoiler l’histoire, votre livre parle de Jésus. Comment avez-vous rencontré Jésus dans votre vie ?
Si mon livre parle de Jésus, c’est que je suis convaincu que ses principaux messages sont une invitation à se libérer de notre ego, même s’ils ne sont jamais présentés sous cet angle.
N’ayant pas suivi, enfant, d’éducation religieuse, j’aurais dû être totalement neutre à l’égard de Jésus. Et pourtant, j’ai très tôt senti une sorte de fascination à son égard et au sujet de son histoire, sans la prendre au pied de la lettre. Pour être tout à fait franc, je dirais que la représentation qu’en fait l’Église, en exhibant un corps crucifié et sanguinolent, m’a longtemps repoussé.
C’est sur le tard que j’ai vraiment découvert les messages de Jésus, et je les trouve extraordinaires. Dans le contexte de son époque, ils étaient révolutionnaires. Deux mille ans plus tard, ils sont d’une valeur inestimable. Que l’on soit ou non croyant importe peu puisqu’une démarche d’éveil spirituel n’est pas conditionnée par des croyances religieuses. Les messages de Jésus sont universels et chacun peut en ressentir les bienfaits. J’ai même des amis japonais, bouddhistes, qui se considèrent chrétiens de surcroît !

Vous êtes critique à l’égard de l’église catholique. Une remise en cause de l’Église vous semble-t-elle nécessaire ?
Mon propos n’est pas de faire le procès de l’église catholique. Je sais la sincérité qui anime les membres de cette organisation et je ne veux en aucun cas émettre de jugements. Mais j’ai parfois l’impression que l’Église est empêtrée dans la justification et le maintien de positions passées, pourtant intenables aujourd’hui. Si l’Église des premiers siècles a réussi à intéresser un nombre croissant de gens aux messages de Jésus, je n’ai pas le sentiment que ce soit encore le cas. Il me semble que tant la liturgie que certaines positions morales sont totalement déconnectées de l’état d’esprit de la plupart des gens qui, du coup, ont jeté le bébé avec l’eau du bain. C’est d’autant plus dommage que ces éléments auxquels s’accroche l’Église me semblent très éloignés de la volonté initiale de Jésus.

Cherchez-vous à créer un pont entre le christianisme et le développement personnel ?
Jésus n’a jamais voulu fonder une religion, contrairement à ce que l’on a fait croire en s’appuyant sur une phrase de l’Évangile de Matthieu dans laquelle le Christ s’adresse à l’un de ses apôtres : “Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église.” Il est aujourd’hui admis qu’il s’agit d’un ajout tardif à cet évangile. Jésus n’a jamais prononcé cette phrase. Son objectif n’était pas de créer une nouvelle religion, mais de transmettre des messages essentiels pour le développement personnel et spirituel de chacun.

Pour vous, existe-t-il une Vérité universelle ?
Je pense qu’il existe une sagesse universelle. 
Ce qui m’a frappé, en m’intéressant de près à plusieurs religions, qu’elles soient monothéistes ou non, dualistes ou non, c’est justement de percevoir une convergence des messages, derrière une forme souvent très différente. Mais dans chaque religion, chacun est convaincu de détenir LA Vérité et que cette vérité se distingue de celle des autres. Ce n’est qu’une attitude de l’ego qui cherche à se différencier pour exister !
En Inde, il est écrit dans les Veda : “La vérité est une ; nombreux sont les noms que lui donnent les sages.”

Que cherchez-vous à travers vos livres ?
Je suis depuis vingt-cinq ans sur un chemin de développement personnel et spirituel, une sorte de quête de sagesse autour de la question de la “vie bonne”, eudaimonia en grec, fondatrice de la philosophie même.
Ma volonté, et même mon obsession, à travers mes livres est de partager les éléments de réponse qui sont parvenus à allumer une étincelle dans mon âme et dans ma vie. Je veux transmettre à mon tour ces messages dont je suis convaincu de la valeur et de l’utilité pour les hommes et pour le monde.

Et tu trouveras le trésor qui dort en toi

Laurent Gounelle
Éditions Kero
20,90 €
Parution le 5 octobre 2016

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