Qu'est-ce que la spasmophilie ?
Si le terme est très spécifique à la France (à l’étranger, on l’appelle « syndrome d’hyperventilation »), la spasmophilie est davantage un syndrome qu'une maladie. Très souvent assimilée aux troubles anxieux et associée aux attaques de panique, la spasmophilie est en effet en lien étroit avec le stress et l’anxiété. "La spasmophilie reste un sujet compliqué car le syndrome est non reconnu comme une maladie dans la classification médicale, ce qui complique parfois le diagnostic", précise la Dr Laure Martinat.
Les symptômes de la spasmophilie
La spasmophilie se manifeste par une grande diversité de symptômes somatiques en lien avec une hyperventilation qui provoque une hypocapnie, c’est-à-dire une baisse du taux de gaz carbonique dans le sang et une hyperexcitabilité neuromusculaire :
- Palpitations
- Sensation d’oppression dans la poitrine
- Maux de tête
- Douleurs abdominales
- Fatigue
- Sensations de vertige
- Troubles du transit
- Paresthésies dans les membres (fourmillements)
- Contractures et crampes musculaires
- Contraction involontaire de certains muscles qui tressautent
- Sensation de malaise voire réelles pertes de connaissance.
Il existe deux signes caractéristiques qui peuvent témoigner d'une hyperexcitabilité neuromusculaire : le signe de Chvostek (la contraction musculaire involontaire de la lèvre supérieure en réponse à la percussion par le marteau à réflexes du médecin) et le signe de Trousseau (la contracture de la main d’accoucheur, c'est-à-dire les doigts serrés les uns contre les autres de façon à former un cône).
Les causes de la spasmophilie
La non reconnaissance de la spasmophilie comme étant une maladie rend sa prise en charge et son diagnostic difficile. "On sait que les femmes sont plus atteintes que les hommes, et que c'est certainement un syndrome héréditaire (il y a plus de risque d’être spasmophile s’il y a déjà des cas dans la famille)", ajoute Laure Martinat. Les personnes atteintes de spasmophilie sont souvent hypersensibles, avec une moindre capacité de résistance au stress et à l’anxiété.
Comment savoir si l'on est atteint de spasmophilie ?
Pour savoir si l’on est concerné.e, il faut s'intéresser au contexte et aux signes évocateurs : par exemple la sensibilité au stress et la survenue de crise dans un contexte d’anxiété. "Les symptômes étant très diversifiés, il est impossible de confirmer le diagnostic en interrogeant simplement le patient, d’autant qu’il n’y a pas de test qui permet de le confirmer", confirme Laure Martinat, avant de poursuivre : "la spasmophilie est un diagnostic d’élimination, c’est-à-dire que l’on élimine d’abord les autres diagnostics possibles (par exemple une atteinte cardiovasculaire, une maladie neuromusculaire etc.). Si tous les examens complémentaires sont normaux, nous allons retenir par élimination le diagnostic de spasmophilie."
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On peut également s’aider du score de Nijmegen, obtenu à l'issue d'un questionnaire et utilisé pour le diagnostic du syndrome d’hyperventilation. Il comprend 16 éléments à vérifier, avec des cases à cocher, et un score ≥ 23/64 est évocateur de ce syndrome que l’on assimile à la spasmophilie.
Quelles sont les solutions naturelles pour calmer les symptômes ?
Pour la médecin phyto-aromathérapeute, la prise en charge doit être globale. Si les professionnels de santé préconiseront le plus souvent une bonne hygiène de vie, une alimentation saine (source de calcium et de magnésium), une activité physique régulière et la limitation de consommation d'excitants (café, alcool etc.), Laure Martinat ajoute :
La psychothérapie, notamment les Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC) qui sont très efficaces. En proposant au patient l’apprentissage d’exercices respiratoires, il saura mieux gérer l’hyperventilation. "La solution de respirer dans un sac est souvent évoquée mais c’est une solution d’urgence, en cas de crise. La mise en place d’exercices respiratoires est plus efficace sur le long terme", précise la docteure.
La micronutrition, où le professionnel de santé peut prescrire des compléments alimentaires de magnésium (certaines études lient la spasmophilie à une carence en magnésium) voire de calcium, de vitamine B6 et de taurine.
L'oligothérapie. Le lithium est un allié naturel pour calmer les symptômes. Il agit notamment contre l'anxiété, l'hyperémotivité et dans les troubles du sommeil.
L'aromathérapie, où l'on travaille sur la gestion du stress avec des huiles essentielles sédatives, calmantes, anxiolytiques (comme la mandarine, la lavande officinale, le petit grain bigarade etc.) que l'on peut utiliser en application locale ou en olfactothérapie en inhalation sèche (c'est-à-dire en respirant directement au flacon ou via un stick inhalateur). En application comme en inhalation sèche, veillez à utiliser des huiles essentielles dont vous n'êtes pas allergique.
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La phytothérapie. On préconise des plantes calmantes et anxiolytiques, comme la passiflore, la valériane etc. et des plantes reminéralisantes (comme l'ortie ou la prêle des champs). Ces plantes peuvent être prises en infusion, ou en compléments alimentaires. Il est possible de cibler certains symptômes comme les troubles du sommeil, avec la valériane ou l'eschscholzia, et les troubles digestifs (spasmes abdominaux, ballonnements) avec des plantes digestives comme la mélisse et l'anis étoilé.
Pour finir, Laure Martinat mentionne les plantes adaptogènes, "qui sont très intéressantes pour augmenter les capacités de résistance de l’organisme au stress, comme la rhodiola."
Ce qu’il faut retenir
La spasmophilie peut être améliorée à partir du moment où l'on associe des approches psycho-émotionnelles et des approches naturelles comme la phytothérapie, la micronutrition, et que l'on personnalise vraiment la prise en charge. Certain.es patient.es verront des améliorations là où d'autres personnes atteintes de spasmophilie n'en auront pas. En outre, cela nécessite un suivi long, sur plusieurs mois voire années.
"Je rajouterai qu'il faut rassurer le/la patient.e sur la bénignité des symptômes, qui sont certes sans gravité, mais ont un retentissement sévère sur la qualité de vie. En clair, ne pas leur dire comme on l'entend encore trop souvent « c’est dans votre tête »", termine la docteure.
Notre experte :
Merci au Dr Laure Martinat, anesthésiste-réanimateur, phyto-aromathérapeute, naturopathe et autrice des livres : Immunité, maladies infectieuses et convalescence : renforcer sa santé naturellement, (Éditions Quintessence) et Fleurs de Bach: Le Guide de Référence, (éditions Trédaniel). Laure est aussi membre du Comité scientifique et de rédaction de la revue Phytothérapie Européenne et journaliste freelance Nutrition, Santé et Phyto-Aromathérapie, Plantes et Santé Magazine, Plantissime, Phytothérapie Européenne, etc.
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