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Notre eau : les nouveaux visages et les nouveaux enjeux liés à cet élément essentiel

Les nouvelles frontières de la physique et de la chimie ont complètement renouvelé notre conception de ce liquide précieux
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Eau Bienfaits de l'eau
Charles-Maxence Layet
Charles-Maxence Layet
Mis à jour le 25 février 2021
Au cours des dernières décennies, notre compréhension de l’eau s’est enrichie de nombreuses prises de conscience issues tant de la science que du monde sociétal et juridique. Et cet élément recèle encore bien des mystères. Exploration fascinante au cœur du liquide originel.

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L’eau est bien plus que de l’eau. Labile, mutable, invisible ou omniprésente, elle est partout. Elle présente même des visages surprenants et insoupçonnés. C’est d’ailleurs l’un des toutderniers enseignements de la science de l’eau. Au début de notre histoire des sciences, l’eau était un élément. Puis, aux temps modernes, le fameux chimiste et découvreur de l’oxygène Antoine Lavoisier a étudié sa composition et a établi qu'elle était le fruit de l’association de l’oxygène et de l’hydrogène. Lavoisier posa alors la célèbre formule H2O. Avec les progrès scientifiques accomplis, on sait aujourd’hui quelle est la taille d’une molécule d’eau: son diamètre est de 0,3 nanomètre, soit moins d’un tiers d’un petit milliardième de mètre. Nous aurions pu en rester là, mais cela aurait été une erreur scientifique.

L’eau dans tous ses états


"Savez-vous combien il y a de molécules d’eau dans 18 g d’eau ?", demande le professeur de chimie Marc Henry, de l’université de Strasbourg, un chercheur renommé pour sa participation aux nouveaux travaux touchant à la mémoire de l’eau. "À peu près autant que le nombre total d’étoiles dans tout l’univers... Dire que l’eau c’est 'achedeuzo' revient donc à confondre une étoile avec l’univers tout entier. Même si l’univers est fait d’étoiles, il ne se limite pas à une étoile unique."

Force est de constater que l’eau a de multiples facettes. Les nouvelles frontières de la physique et de la chimie ont de fait complètement renouvelé notre conception de ce liquide précieux. Un savoir connu des laboratoires mais encore peu évident pour le grand public. Ainsi, par exemple, le fait que l’eau se décline en de multiples parfums, neuf au total. À ces variétés dites "isotopiques" s’ajoutent des rotations atomiques, car les atomes d’oxygène et d’hydrogène, comme tous les atomes, tournent sur eux-mêmes comme de toutes petites toupies. Il suffit que les deux atomes d’hydrogène tournent en sens contraire pour encore modifier les propriétés de l’eau.

Encore plus surprenant, vous et moi pensions naturellement que l’eau gèle à 0 °C et bout à 100 °C. Il n’en est rien ! "Les expériences ont montré en réalité que l’eau peut rester liquide, métastable, entre -42 °C et + 280 °C, explique aussi Marc Henry dans le numéro d'Orbs spécial "Eau". C’est-à-dire bien en dessous de son point de congélation et bien au-dessus de son point d’ébullition habituels, définissant les domaines de l’eau surfondue ou de l’eau surchauffée."

Nous sommes tous eau


Un autre domaine est entré en ébullition : celui de la science de l’eau du corps. L’eau corporelle n’est explorée que depuis une vingtaine d’années, principalement par le recollage et l’intégration de connaissances éparses au fil des diverses filières médicales. Désormais, les révélations ont lieu en cascade. Première surprise  : l’eau corporelle, si elle représente bien en moyenne 75% de notre poids, compte toutefois pour 99% des molécules composant notre organisme. Nous n’avons que 1% de molécules corporelles qui sont autre chose que de l’eau. Notre corps est gorgé de ce liquide essentiel. Mais selon nos tissus, la proportion de l’eau diffère. Le sang, le cerveau, les yeux sont ainsi les plus imbibés d’eau, à plus de 80%. Loin devant les dents ou nos os !

Deuxième surprise: notre proximité avec l’eau de mer. Hors de nos cellules, explique le médecin et spécialiste des médecines naturelles Marc-François Paya, dans les liquides extracellulaires comme la lymphe et le plasma sanguin, cette eau présente les mêmes proportions d’éléments chimiques que l’eau de mer. Elle est identique dans sa compositionau contenu de l’eau salée, mais de façon beaucoup plus diluée. Trois fois moins salée que dans l’océan a ainsi démontré dès le début du XXe siècle le physiologiste français René Quinton, révolutionnant notre conception de la santé et de la vie et élaborant même un remède nutritif à base d’eau de mer, le plasma marin de Quinton.

Autre sujet d’étonnement: seuls 10% de l’eau de l’organisme est circulante. L‘eau des 90% restants est dite "structurelle" et participe au maintien de la structure des différentes molécules de notre
charpente interne, en les enveloppant d’une "gaine aqueuse" comme une coquille ou un cocon gélifié de molécules d’eau.
Cette eau se révèle un véritable milieu intérieur, un "aquarium vivant", comme le disait Quinton, impliqué dans la plupart des modes de communications cellulaires."En effet, indique Marc-François Paya dans son article pour Orbs, aucun vaisseau, aucun lymphatique, aucun nerf n’atteint aucune cellule. Tout message hormonal, tout influx nerveux, tout nutriment, tout déchet métabolique est obligé d’emprunter cette interface" que l’on appelle la "matrice extracellulaire" et qui est constituée d’eau. Sa pureté ou son encrassement deviennent dès lors des facteurs propices ou non au maintien de la santé, en influençant notamment l’expression de nos gènes. Pour certains spécialistes, notre vieillissement serait lui-même directement corrélé à notre degré de déshydratation. Vus les efforts de l’industrie cosmétique pour nous rappeler de bien hydrater notre peau, préserver la qualité de notre eau corporelle pourrait s’avérer la principale clé d’une santé durable.

Les nouveaux droits de l’eau


Ce tour d’horizon des nouveaux visages de l’eau serait incomplet sans aborder une dernière lame de fond, encore plus récente. Celle des nouveaux droits de l’eau. Partout dans le monde, la question du droit de ce liquide précieux, en particulier celui de l’accès à une eau potable, s’est imposée comme une question fondamentale. Mais certains vont plus loin et reconnaissent à des rivières et à des glaciers des personnalités juridiques à part entière.

"Dans des pays comme l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, l’Ouganda, le Kenya, le Bénin, le Ghana, le Népal, des écosystèmes comme des chutes d’eau, des rivières, des lacs mais aussi des forêts et des montagnes ont été reconnus en droit comme des sites sacrés et ont pu être protégés de l’exploitation industrielle. Les sites naturels sacrés sont des territoires d'importance écologique, culturelle et spirituelle, intégrés dans les terres ancestrales de nombreux peuples, habitants originaux des continents du monde, qui revendiquent dans leur propre pays que la Terre soit reconnue comme 'la mère de toute forme de vie'", rappelle la juriste Valérie Cabanes, spécialiste des droits humains et auteure de Un nouveau Droit pour la Terre (Seuil, 2016) qui, après vingt ans passés dans des ONG de solidarité internationale, œuvre pour une reconnaissance universelle des droits de la nature. "Les systèmes de gouvernance coutumiers sont en effet fondés sur la
relation que ces peuples entretiennent avec ces lieux. Leurs lois coutumières découlent ainsi des lois de la Terre et ils se considèrent comme garants de leur application."

Depuis une dizaine d’années, cette révolution juridique prend pied dans de nombreux pays et plus seulement là où se font entendre les peuples premiers. Aujourd’hui, sur le continent américain, des lois nationales ou locales accordent des droits à la nature. Aux États-Unis, pas moins de trente-quatre municipalités reconnaissent d’ores et déjà les droits de la nature dans leur législation locale, ce qui a permis aux communautés locales de stopper des projets de fracturation hydraulique. Au Népal, un amendement constitutionnel sur les droits de la nature est envisagé pour faire face aux changements climatiques.

L’année 2017 s’est révélé le théâtre de décisions spectaculaires. En mars, le parlement néo-zélandais a entériné un accord d’août 2014 avec une communauté maorie qui instaure un nouveau régime juridique pour la rivière Whanganui. Elle y est reconnue comme une entité vivante et indivisible constituée de son lit, de sa source jusqu’à son embouchure dans la mer de Tasman, en incluant tous ses éléments physiques et métaphysiques. Des gardiens dépositaires de ses droits ont été nommés: un représentant de l’État et le peuple Iwi Whanganui. "Ce duo constitue le Te Pou Tupua (sa 'face humaine') et aura à charge de défendre ses intérêts et de la représenter en justice", complète Valérie Cabanes dans Orbs.

Quelques semaines plus tard, ce fut au tour d’un tribunal d’Inde du Nord de reconnaître au Gange et à son affluent, la rivière Yamuna, et à tous les glaciers, rivières, ruisseaux, lacs, sources de l’écosystème himalayen le droit d’exister, de se maintenir, de se régénérer et de ne pas être pollués. "Le gouvernement indien, enthousiasmé par cette jurisprudence, travaille sur une loi nationale, 'the National River Ganga Act' afin de doter le Gange d’une personnalité juridique à l’échelle de tout le pays, conscient qu’il s’agit d’une ultime solution pour lutter contre sa pollution extrême et pour permettre à 500millions d’Indiens de vivre dans un environnement plus sain."

En juin 2017, lors de la première conférence mondiale sur les océans qui s’est tenue à New York, la Nouvelle-Calédonie a carrément proposé de reconnaître les droits de l'océan Pacifique afin que nous en respections l’intégrité et les besoins. Comme si la conscience collective de l’humanité s’ouvrait enfin au respect dû à l’eau sacrée, originelle, matricielle, source de toute vie.

À nous maintenant, dans notre vie au quotidien, de prolonger ces visions et de contribuer, par un changement de regard, un geste, une parole, une attitude, à faire évoluer concrètement notre rapport à l’eau.

Envie d’en savoir plus sur la mémoire de l’eau ? Sur le secret des eaux miraculeuses ? Sur la crise de l’eau en Afrique? Vous pourrez retrouver l’ensemble des experts cités dans cet article, et bien d’autres, dans un numéro spécial "Eau" de la revue Orbs consacré aux nouveaux visages scientifiques, mythiques et sociétaux de l'eau.

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