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Profiter des vacances pour plonger dans les livres

Plonger dans un livre, c'est changer d'univers.
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Jean-Yves Revault
Jean-Yves Revault
Mis à jour le 25 février 2021
Dans son "Alphabet du bonheur", Jean-Yves Revault propose "L... comme Littérature". Une invitation à laquelle répondre sans hésitation pendant les vacances !

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Il était une fois un petit pays dirigé par un roi qui n’aimait pas les livres. Il n’était roi que par son ascendance, nullement par son intelligence. Tout enfant, il avait éprouvé tant de difficultés pour apprendre à lire qu’il en avait conçu une véritable haine pour l’écriture et les livres. Son peuple, ardent au travail comme à l’amusement, aimait lire et vivait, comparé à bien d’autres, fort heureux. Le roi, lui, se morfondait. Jaloux du bonheur de son peuple, il finit donc par ordonner que fussent brûlés en place publique tous les ouvrages, et il s’en fallut même de peu que l’on ajoutât aux bûchers ceux et celles qui faisaient profession d’écrire. La suite, vous la devinez. D’ailleurs inutile de chercher sur une carte, ce petit pays n’existe plus...
Quoi de mieux qu’un bon livre pour être heureux ? Nous nous sommes tous fait, un jour ou l’autre, cette réflexion, n’est-ce pas ? Je me souviens d’une période où j’étais, comme on dit, "au fond du trou". Obsédé par mes "malheurs", je ne pouvais même plus dormir, ressassant sans cesse ce qu’il m’arrivait. Si à l’époque avait existé L’Alphabet du Bonheur, j’aurais commencé par "A... comme Acceptation" et tout serait allé mieux. Mais privé de cette lecture réconfortante, il ne me restait plus que les somnifères... ou le suicide. Bien que farouchement opposé à ces deux solutions d’endormissement, je m’en approchai à plusieurs reprises. J’essayai bien de lire ; en vain. Jusqu’au soir où je sortis de ma pile de livres un ouvrage que je n’avais seulement jamais ouvert, un livre de Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien. Allez savoir pourquoi, je comprenais ce que je lisais, je commençais à m’intéresser à la vie de cet empereur romain, et du coup un peu moins à la mienne. Sans être encore heureux, j’oubliais pour quelques heures ma souffrance, et je finis par m’endormir, le livre entre les mains.
Fuite ! me direz-vous. Oui, mais une fuite sûrement plus saine que les hypothèses qui prévalaient dans mon cerveau malade d’alors. N’est-il pas préférable d’être dépendant à la littérature plutôt qu’à des somnifères ? La difficulté, dans les cas extrêmes comme celui dans lequel je pataugeais lamentablement, est de trouver le "bon" livre, celui qui va nous "sauver". Pour cela, essayer, essayer ; on finit toujours par rencontrer notre sauveur.
Dieu merci, nous ne lisons pas que dans les cas désespérés, pour oublier. Au contraire, la littérature permet surtout de se trouver. Je veux dire par là que, soit au travers d’un personnage dans lequel nous nous projetons, soit au travers d’une situation qui crée en nous des émotions fortes sans que nous ayons besoin de la vivre réellement, nous sommes, grâce au livre, à l’école de nous-mêmes. Mes propres émotions d’adolescent amoureux, ne les ai-je pas comprises grâce au héros de Tourgueniev dans Premier amour ? Ne me suis-je pas intéressé à la psychologie en découvrant les états d’âme de Mme de Bovary ? Et Mauriac, Zola, Bazin, Genevoix, Giono, Roger Martin du Gard, Romain Gary, et tant d’autres, – une seule page ne suffirait pas pour tous les citer – , que ne m’ont-ils pas enseigné ? Ils furent, pour tout dire, ma véritable université. Eux qui avaient compris, étudié, expérimenté... la vie bien avant moi, ils m’ont préparé le chemin, m’ont fait gagner du temps, ont élargi ma conscience, bref, m’ont offert d’inoubliables moments de bonheur. Et le fait de lire en cachette, sous les draps à la lumière falote d’une lampe électrique me paraît avoir participé à ce bonheur.
Comme il est jouissif de se sentir en résonance avec un personnage de roman, vivre à travers lui, ou bien comprendre en quoi nous avons en nous un peu de celui-ci, ou un peu de celui-là. Être heureux d’aller se coucher le soir parce qu’un bon livre nous attend – ce qui n’exclut pas un ou une partenaire plus charnel bien sûr –, plonger comme dans un bain de jouvence dans l’univers de ce livre, voyager, rêver, aimer, pleurer, espérer, bref vivre, sans oublier aussi que lire, c’est s’enrichir de nouvelles connaissances, découvrir des subtilités que l’on ignorait, regarder nos congénères autrement, avec parfois plus de compassion, car certains livres ouvrent notre cœur. Ne suis- je pas devenu un peu meilleur que je ne l’étais après avoir lu Madame Rose, ou bien Raboliot, ou encore le merveilleux conteur Claude Seignolle ?
Un bon livre nous transforme toujours un peu. Et puis il y a les grands livres, trois ou quatre peut-être dans une vie – et ce ne sont pas les mêmes pour tous – dont on sait qu’après les avoir lus nous ne serons plus jamais comme avant. Ceux-là nous ouvrent une porte. Peut-être celle du bonheur de vivre ?
 
Ce texte est un extrait du livre L'Alphabet du bonheur, de Jean-Yves Revault, paru aux Editions Jouvence.
 
 
 
 
 
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