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"Partir seule en voyage est un acte militant, presque politique", Anaïs raconte son expérience

Comment partir en voyage seule quand on est une femme ?
"Partir seule en voyage, c’est montrer à celles, et ceux, qui ne se l’autorisent pas, que c’est possible"
Holly Mandarich / unsplash
Anaïs Gauthier
Anaïs Gauthier
Mis à jour le 25 février 2021
C'est un grand saut dans le vide pourtant c'est un rite de passage important dans la vie d'une femme : partir à l'aventure, seule. Anaïs Gauthier vous partage à travers son expérience personnelle ses meilleurs conseils pour chercher au fond de vous, la force d'entamer votre périple.

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Pour certaines femmes, il leur suffit d’acheter un billet d’avion et de jeter 3 vêtements dans leur sac pour partir 6 mois faire le tour de l’Asie. Je ne fais pas partie de ces femmes et peut-être que vous non plus.

Je décide de partir plusieurs mois en Alaska. Je pars en quête de grands espaces et de silence. Je pars me confronter à la nature sauvage. Je pars en quête de temps pour plonger au fond de moi. Mais le voyage commença bien avant le départ.

Faire face à ses peurs les plus intimes

Plus j’envisage ce voyage, plus mes peurs se cristallisent en moi : peur de l’insécurité, de l’agression, de ne pas être à la hauteur. Me visualiser seule, si loin de chez moi, engendre la peur de tout et de rien. Pourtant, c’était loin d’être mon premier voyage. Mais celui-ci, par sa durée et sa destination avait la saveur du grand saut. Il me revient en mémoire des phrases fantômes de mon enfance, au pouvoir tétanisant : « toi ce n’est pas pareil que ton frère, tu es une fille », « c’est trop dangereux pour une fille », « n’as-tu pas un copain qui peut t’accompagner ? », « tu es plus vulnérable qu’un garçon ».

Faire face au monde et à la culpabilité

Quelques semaines avant mon départ, je découvre que dans mon cercle amical et professionnel, de nombreuses personnes pensent que je pars parce que je veux quitter mon conjoint. Ces personnes n’entendent pas que je puisse simplement avoir envie et besoin de partir seule. Nous nous sentons tous deux, en rupture avec une société qui interprète et juge ma décision sans la comprendre. À cela s’ajoute la collection de commentaires ayant pour intention – pas toujours consciente – de me décourager : « l’Alaska seule ? Moi à ta place je ne le ferai pas » ou encore « tu es inconsciente » et ma préférée « tu vas te faire manger toute crue ma petite ! ».

Partir seule en voyage, c’est montrer à celles, et ceux, qui ne se l’autorisent pas, que c’est possible. Cela réveille leurs craintes, titille parfois leurs rêves refoulés et les confronte à leurs propres limites. C’est aussi résister à la culpabilité que la société voudrait que j’éprouve : une femme bien ne quitte pas le foyer et son entourage, pour son seul plaisir.

Partir seule est aussi un acte militant — presque politique — en étant moi-même le monde tel que j’ai envie de le vivre, tel que j’ai envie qu’il soit. Un monde où les femmes ne sont pas perçues comme étant plus vulnérables ou moins capables que les hommes. Un monde où le sexisme ordinaire n’existe pas. Un monde où quelques soit le genre, l’exploration de notre singularité et la quête de soi sont encouragées.

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Se transformer en profondeur

Ce voyage ne tenait qu’à moi. Il suffisait de croire en moi et de m’en donner les moyens. Cela commença par accepter qu’il n’était pas si facile pour moi, de partir seule à l’autre bout du monde. Accepter de ne pas être comprise, ni dans mon envie, ni dans mes questionnements, ni dans mes craintes. Et enfin, accepter qu’une partie de la société me prenne pour une folle. Je me suis alors mise en quête de tout ce que je pouvais trouver pour comprendre mes peurs et mes freins dans l’espoir de les apprivoiser. Une à une, j’ai identifié mes peurs et cherché leurs antidotes.

Je me suis préparée physiquement et mentalement grâce à des exercices, des cours de self-défense, des stages de dépassement de soi, des lectures. J’ai aussi accordé une attention toute particulière à la préparation de mes bagages car m’organiser au mieux me rassurait. J’ai imaginé des astuces pour pallier mes angoisses. J’ai mis en place tout ce dont j’avais besoin pour nourrir ma confiance en moi et construire le courage de partir pour ce périple. La phase de préparation du voyage m’a autant appris sur moi que le voyage en lui-même.

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Un rite de passage contemporain

Au retour, la joie et la fierté m’envahissent : à mon humble échelle, j’ai montré que c’était possible. Qu’une femme pouvait partir seule à l’aventure sans être une aventurière extraordinaire. Je ne me suis pas fait manger toute crue en Alaska comme plusieurs hommes me l’avaient dit. Je n’ai pas eu besoin d’un chaperon masculin comme plusieurs femmes me l’avaient chaudement recommandé.

Mais l’énergie et le courage que cela m’a demandée pour oser le départ, je suis allée les chercher au fond de moi. Avec le recul, je réalise que le processus vécu s’apparente à ce que d’autres cultures appellent « un rite de passage ». Plonger au cœur de soi, faire face à ses peurs pour ensuite y puiser les ressources qui nous font grandir et évoluer. Faire le tri entre ce qui est en moi et ce qui est induit par l’environnement, la société, l’entourage. S’affranchir du regard de l’autre. Approfondir la connaissance de soi et apprivoiser son ego. Embrasser ses qualités et ses zones d’ombres. S’ouvrir pour s’émerveiller de chaque instant.

Le voyage solo est un grand alchimiste. Il transforme profondément la nature de l’être et me rapproche chaque fois un peu plus de qui je suis.

Notre experte

Entrepreneure et voyageuse et initiatrice de la communauté Women Solo Travelers et fondatrice de Vivre l’essentiel, Anaïs explore l’aspect sensible de la vie. Au travers l’écriture, la contemplation, la reliance à la nature et les moments de solitude choisie, elle questionne nos modes de vies et créé des outils inspirants qui accompagnent à se recentrer sur l’essentiel dans nos vies. Son jeu de cartes d’introspection (re)trouver l’essentiel a été expérimenté par plus de 700 personnes.

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