Comment avez-vous découvert le bullet journal ?
J’ai un petit rituel du soir avant de me coucher : me promener sur Pinterest, parfois parce que j’ai une idée précise en tête et que je cherche l’inspiration, parfois pour avoir la surprise de découvrir de nouvelles choses, et souvent les deux en même temps ! Début juillet 2016, je me baladais donc dans les épingles à la recherche d’idées d’organiseur familial, et je suis tombée sur le lien vers l’article de présentation du Bullet Journal publié par le site L’épicerie du blog. J’ai de suite accroché au principe et 48h plus tard, j’avais mon carnet dans les mains !
Pourquoi est-il devenu un incontournable dans votre organisation ?
Parce que pour la première fois, j’ai trouvé un système qui me permet d’avoir un agenda répondant exactement à mes besoins. Tout le monde n’a pas les mêmes impératifs en organisation, les mêmes priorités dans la hiérarchie des informations à avoir sous les yeux en fonction de sa situation familiale, professionnelle, personnelle.... Or, les agendas et autres planners vendus dans le commerce offrent une configuration standard, qui ne m’a jamais convenu car il me manquait ce dont moi j’avais besoin spécifiquement.
J’étais alors toujours obligée de griffonner là où j’avais de la place, de noter des choses supplémentaires sur des feuilles volantes qui se multipliaient et que je finissais toujours par égarer, et au final j’avais la sensation de ne jamais être sereine sur l’ensemble des choses que j’avais à gérer entre ma vie privée, mes activités, mes enfants, le boulot…Résultat, j’ai pris mille fois la décision de recommencer un agenda à chaque rentrée scolaire, et mille fois la décision de l’abandonner quelques semaines plus tard. Maintenant que j’ai mon Bullet, tout ça est terminé ! Désormais j’ai toujours à disposition tout ce dont j’ai besoin pour gérer mon temps au quotidien et je n’oublie plus rien.
Le bullet journal mêle agenda, journal intime, to-do list… Cette nature hydride ne risque-t-elle pas d'être contreproductive en terme de gestion d'organisation ?
En ce qui me concerne c’est extrêmement productif. En trois mois de pratique, j’ai atteint grâce au Bujo des objectifs que je cherchais à atteindre depuis parfois plus d’un an sans jamais y parvenir : faire un vrai tri de ma maison et engager les travaux d’embellissement, terminer des projets créatifs commencés et jamais terminés faute de temps (enfin, c’est ce que je croyais, du temps j’en avais, je le gaspillais juste en défaut d’organisation !), améliorer certains aspects de ma vie personnelle ou familiale…Toutefois, on pourrait effectivement vite passer sa vie dessus tellement c’est agréable à faire, et ainsi passer plus de temps à s’occuper de son Bujo qu’à réellement faire ce pourquoi on l’utilise. Mais il me semble que cette régulation se fait d’elle-même, dans la mesure où le Bujo s’utilise en fonction des besoins et du temps de chacun… certains ont énormément de temps libre à y consacrer, d’autres non, et je crois que les choses s’équilibrent naturellement. Si ce n’est pas le cas, pour moi c’est qu’on s’éloigne de l’essence de l’outil et qu’il faut revoir sa façon de s’en servir ou le temps passé à l’embellir.
A votre avis, le Bujo peut-il être un outil de développement personnel ?
Complètement. Du moins en ce qui me concerne. Il permet de consigner par écrit tout ce qui est important pour nous, et de réfléchir concrètement aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce que l’on souhaite. Je suis dans une phase de ma vie que je qualifie souvent de tournant, et mon Bujo m’accompagne au quotidien dans cette transformation. En utilisant des pages dédiées au développement personnel, j’avance vraiment, en traduisant mes réflexions en actions réelles qui améliorent considérablement mon moral, ma perception du quotidien et m’ouvrent de nouvelles perspectives pour me sentir toujours mieux. Rien que le fait de retrouver une sérénité sur l’organisation apporte un énorme mieux-être. L’esprit se libère de la foule d’informations qu’il a à conserver en permanence à fleur de mémoire, ce qui permet de se concentrer sur le reste et d’avancer concrètement.
Que pensez-vous des bujo thématiques (spécial blog, spécial poids…) ?
Je pense que c’est très intéressant car le système du Bujo permet une progression constante vers un objectif, que l’on parle de gérer son blog ou de perdre du poids. Sa flexibilité totale en fonction des besoins en fait un outil de choix pour tout ce qui nous demande un suivi ou de la rigueur sur le long terme. En revanche, je ne pratique pas le « multi-Bujo », car cela me prendrait trop de temps et que j’aime le concept initial du Bujo qui est de centraliser tout ce qui fait notre vie au même endroit et d’en finir avec la dispersion. J’ai donc un Bujo unique, dans lequel je travaille sur tous les aspects simultanément. En revanche, si j’étais amenée à engager un très gros projet comme la construction d’une maison ou la création d’une entreprise, je pense que j’ouvrirais un Bujo secondaire permettant de gérer ce projet là uniquement tellement il impliquerait d’organisation, d’étapes à franchir ou de projets intermédiaires pour atteindre le but final.
Vous avez de vrais talents d'artiste, chaque page de votre bullet journal est une œuvre d'art. Votre bullet journal est-il aussi un moyen d'expression?
© ZunZunBlog
Oui ! Je suis toujours surprise quand on parle de mon Bullet Journal comme d’un travail d’artiste, car si je suis très créative et plutôt habile de mes mains, je ne pensais pas avoir le moindre talent pour l’illustration ou le dessin pur. Cependant j’avais toujours voulu approfondir ces domaines qui m’ont toujours attirée, déjà enfant je décorais mes cahiers de poésie à l’école avec beaucoup d’application. Depuis que j’ai mon Bujo, je prends un plaisir fou à me perfectionner, je me lance des petits défis de reproduction de dessins trouvés sur internet, et j’y trouve un moyen d’expression créative qui me correspond parfaitement. Je me découvre de nouvelles aptitudes qui améliorent ma confiance en moi. On rejoint là le développement personnel, encore une fois.
Vous utilisez beaucoup le lettering. Vous y êtes-vous formée ou avez-vous appris seule ?
Je m’y suis formée seule, comme à peu près tout ce que je sais faire ! J’ai toujours aimé et voulu apprendre par moi-même, j’apprends très vite et suis capable de passer des heures sur une nouvelle technique pour la maîtriser et la réutiliser. En ce qui concerne le lettering, l’écriture manuscrite a de toute façon toujours été une passion pour moi. Adolescente j’ai beaucoup travaillé sur mon écriture pour qu’elle soit jolie même en prise de note de cours, et dès le CP/CE1 je faisais des lignes de caractères ou de mots sur des cahiers de brouillons pour avoir une écriture la plus jolie possible. Le lettering que je pratique aujourd’hui dans mon Bullet est le prolongement de tout ça, avec une recherche plus poussée sur l’effet calligraphié qui me plaît particulièrement en ce moment.
D'où vous vient l'inspiration pour construire vos pages ?
De partout ! Je pars quoiqu’il arrive de mes besoins spécifiques pour les structures, de ce qui m’est indispensable pour fonctionner correctement et efficacement sur une journée, une semaine, un mois ou une année. Ensuite, la déco m’est inspirée par mes envies permanentes de couleur et par tout ce que je vois sur Pinterest, dans le groupe Facebook spécial Bujo dont je suis membre, par la saison en cours ou par les magazines DIY et déco que je lis régulièrement. Tout cela forme un joyeux mélange, une sorte de palette dans laquelle je puise pour m’approprier les styles que j’aime.
Lorsque l'on voit la variété des Bujo sur les blogs, on peut prendre peur si on ne sait pas trop par où commencer. Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui veut commencer son Bullet journal ?
Tout d’abord, se demander pourquoi on veut démarrer un Bullet Journal. A quel besoin pourrait-il répondre ? S’organiser ? Gérer sa vie professionnelle ? Remplacer le planner habituel qui présente des carences ? Ou tout autre besoin spécifique à chacun.
Ensuite, oublier tout ce qu’on voit sur les blogs et revenir à l’essence de l’outil. Comment a-t-il été pensé par son créateur avant de devenir cette profusion de pages décorées et de listes en tous genre que l’on trouve sur les blogs féminins ? Pour cela il est bon de consulter le site du fondateur, Ryder Caroll (oui, le Bujo est une invention masculine !). Sur ce site, une vidéo en anglais montre parfaitement ce qu’est le Bullet à la base, ce à quoi il sert et comment le construire (même si on ne comprend pas l’anglais, la vidéo est tout à fait claire). Tout le reste est facultatif et peut venir après, quand on a bien saisi la base du concept.
Enfin, PoWa, une blogueuse que je suis très régulièrement, a écrit un article très complet sur les questions à se poser avant de démarrer un Bullet Journal.
Avec tout ça, on dispose déjà d’un nombre de repères conséquents permettant de ne pas se disperser de suite dans ce que la communauté a apporté en enrichissements divers et variés.
Le bullet journal est-il une passion de perfectionnistes ? Sur les blogs, les Bujo sont tous superbes…
© ZunZunBlog
Il est vrai que l’aspect déco/dessin/customisation des pages de Bujo qu’on trouve sur les blogs peut induire en erreur et bloquer quelqu’un qui considèrerait que s’il n’a pas de talent créatif particulier, il ne pourra pas pratiquer le Bullet Journal. C’est tout à fait faux. A la base, le Bujo est un outil purement organisationnel, sans aucune fioriture ni aucune décoration. Absolument minimaliste, il va à l’essentiel. La blogosphère féminine aux USA et maintenant en Europe a enrichi le concept pour en faire un objet visuel, mais ce n’est pas du tout le rôle premier de l’outil. Tout ça, c’est du plus, et donc c’est absolument facultatif. Un Bujo peut très bien être noir et blanc, grifonné, raturé…ce qui compte, c’est que celui qui le gère y gagne en productivité quel que soit le temps dont il dispose ou l’envie qu’il a de s’en occuper. Un Bujo n’a pas besoin d’être beau, il a juste besoin d’être fonctionnel et efficace.
Ensuite, pour le perfectionnisme, je pense que c’est tout l’inverse, du moins en ce qui me concerne. Je suis très perfectionniste, à tel point que ça peut être un défaut parfois qui me fait gaspiller du temps et qui me met dans l’insatisfaction face à quelque chose qui est en fait tout à fait correct et dont je devrais tirer de la valorisation personnelle, mais je me mets la barre tellement haute que j’ai du mal à accepter les petits manquements ou les erreurs, si infimes soient elles. Mon Bujo me détache de ça. Au début, une déviation dans un trait de cadre ou une irrégularité dans mon lettering me contrariait, avec l’envie de recommencer complètement ma page pour que ce soit parfait et même si pour cela il fallait que j’y passe deux heures supplémentaires. Aujourd’hui ce n’est plus du tout le cas. Cette semaine, en traçant mon planning hebdomadaire, ma règle a bougé, le trait d’un de mes cadres se retrouve avec une belle irrégularité. Et bien tant pis, elle restera où elle est. Je ne gagnerais rien à corriger au blanc, à recommencer…au pire je laisse, au mieux je trouve le moyen de l’intégrer dans une déco ultérieure. De même, les semaines où j’ai moins de temps, je fais moins de déco, et mon Bujo ne sera donc pas rempli d’illustrations sur toutes les pages. Mais c’est très bien. Il est le reflet aussi de ma vie, de mon quotidien tantôt surchargé tantôt plus cool, il m’apprend à accepter ce qui est et à m’adapter à l’instant présent plutôt qu’à poursuivre des objectifs perfectionnistes, qui au final n’apportent rien hormis de la contrainte et du stress.
Les conseils de Julie :
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