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Cécile de France : une chamane en Mongolie, ambassadrice de la reconnexion à la nature, dans le film "Un Monde Plus Grand"

cecile de france
"Ces expériences en terre sauvage ont eu comme effet premier de me sentir plus légitime avec mes intuitions, ma sensibilité, ma créativité, et mon instinct animal"
Un monde plus grand
Catherine Maillard
Catherine Maillard
Mis à jour le 25 février 2021
A l'affiche du film "Un monde plus grand" de Fabienne Berthaud en salle le 30 octobre 2019, nous avons rencontré Cécile de France. L'actrice inspirée incarne à l'écran la française Corine Sombrun qui, face au deuil insurmontable de son mari, a vécu une expérience transformatrice auprès des chamanes de Mongolie.

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A l’affiche d’un Monde plus grand, un film initiatique sur le deuil, et le chamanisme, la comédienne Cécile de France, nous ouvre la voie d’une reconnexion à la nature.

Le pitch. Suite à la mort de son grand amour, une jeune compositrice va fouler le sol de Mongolie pour enregistrer des chants traditionnels. C’est un autre rendez-vous qui l’attend, avec le monde des esprits, et une vieille chamane, qui lui révèlera son don de guérisseuse. Pari réussi de la transcription à l’écran du livre de Corine Sombrun, Mon initiation chez les chamanes. Rencontre avec Cécile de France, ambassadrice lumineuse et tout en humilité d’un nouveau pacte avec la nature et d’une tradition ancestrale.

Catherine Maillard pour FemininBio : Quel a été le déclic pour vous engager dans cette aventure ?

Cecile de France : Le personnage m’a bouleversé ! Quand j’ai lu le scénario, j’ai vu le portrait d’une héroïne d’aujourd’hui, une femme à la fois exceptionnelle, et ordinaire, à laquelle chacune pouvait s’identifier. Elle vient de perdre son grand amour et souffre intensément, organiquement ; elle est chacune de nous, dans notre humanité. L’enseignement chamanique ancestral qu’elle va recevoir va la faire grandir et lui faire vivre une expérience de résilience. C’est à la fois un portrait de femme et un voyage intérieur. C’est un film résolument initiatique. Pour une actrice, c’est une opportunité exceptionnelle.

Vous aviez déjà une connaissance du chamanisme ?

J’ai tout découvert avec Corine Sombrun, l’auteure du livre, son histoire personnelle, dont est tiré le film, qui m’a ouvert à cet univers. Elle nous a accompagné dès l’écriture du scénario, et ensuite en Mongolie. Son implication a été précieuse et généreuse. Corine joue la doublure de la chamane dans les scènes de transe au tambour, qui sont réelles, ce qui donne au film cette intensité sans doute.

Parlez-nous des transes justement. Comment ce sont passées vos rencontres avec le tambour, et les états modifiés de conscience ?

Je me suis beaucoup préparée en amont avant le tournage, d’autant plus que ces scènes sont fondamentales dans le film. Puis nous nous sommes plongées dans l’atmosphère d’une véritable cérémonie ; elles ont été tournées de nuit, animées par Corine. Ca a été très intense, une expérience exceptionnelle, où j’ai vécu des états de transe. En parler est difficile. C’est tellement irrationnel. Il y a plusieurs sortes de transes, chacun le vit de manière singulière. Pour moi, ca a été à la fois de l’ordre des visions, et des sensations très physiques, comme si j’ouvrais une porte. Alors, je n’ai pas rencontré l’esprit d’un animal, mais j’ai eu accès au Monde Noir, comme l’appelle les chamanes.

©Un monde plus grand

La première fois, j’ai ressenti quelque chose de familier, comme un lien très ancien, avec mes ancêtres… Ca m’a étonné, et j’ai cherché à en savoir plus. La vision que m’apportait Corine, et les recherches que j’ai menées en me documentant m’ont appris que ce phénomène existe depuis la nuit des temps. L’être humain a toujours eu recours à cet état de conscience modifié, à ses capacités sensorielles et organiques pour être en osmose avec la nature. De cette connexion avec notre environnement et les animaux, dépendait notre survie, et plus largement notre équilibre. Je suis arrivée à la conclusion, que nos capacités s’étaient atrophiées ; avec nos modes de vie modernes, nous nous sommes déconnectés. Le shaman  est l’héritier de ce savoir ancestral, de notre interdépendance, sa présence et les états de conscience modifiée, nous en donne à nouveau l’accès.

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Le tournage a eu lieu en immersion dans la steppe en Mongolie. Que s’est-il passé pour vous ? Avez-vous vu l’Esprit de la foret dont parle la shamane Oyun dans le film ?

Je ne suis pas une citadine, j’ai besoin de nature pour me sentir bien ; ces expériences en terre sauvage ont eu comme effet premier de me sentir plus légitime avec mes intuitions, ma sensibilité, ma créativité, et mon instinct animal. Dans notre société basée sur le raisonnement et l’analyse, je me suis toujours sentie inadaptée, pas en adéquation. D’avoir vécu cette aventure m’a permis de m’accepter comme je suis et de ressentir ces aptitudes comme une force et non une faiblesse. Ces expériences ont valorisé ma sensibilité.

© Un monde plus grand

Alors, non je n’ai pas vu l’Esprit de la Foret, comme le partage l’héroïne à la chamane, mais j’ai senti la présence de la Nature, puissante, omniprésente… Le tournage a eu lieu dans un écrin de nature absolu, sans avion dans le ciel, ni poteaux électriques ou autres traces de civilisation moderne. La nuit, il y avait même des loups. C’est très difficile à cet endroit d’imaginer qu’on puisse avoir, ne serait que l’idée de la dominer, de la posséder, ou celle d’être séparé. Je me suis sentie à la fois très humble et profondément reliée. Nous ne sommes qu’une partie de ce grand Tout, de la foret, de ce cosmos.

L’initiation que vit l’héroïne pour devenir chamane, plus que la maîtrise des pratiques, passe par un retour à la simplicité. Qu’est-ce qui vous a touché ?

En effet, l’initiation repose sur des fondamentaux dans les rapports humains, et plus largement à la vie, comme aller chercher du bois, faire du feu, se baigner dans la rivière, jouer comme une enfant, cuisiner… Ce qui m’a paru le plus important c’est que l’héroïne va avant tout se reconnecter à son corps, et redécouvrir des sensations physiques… Ce qui est merveilleux dans la philosophie chamanique c’est cette vision holistique ; tout est relié, la tête n’est pas séparée du corps… Pour rétablir l’harmonie qui a été perdu, suite à un événement, dans ce cas la mort de son grand amour, il faut relier à nouveau les émotions, les organes, la nature… Nous sommes un grand tout.

Quel est le message profond du film ?

En réalité il ne délivre pas de message, c’est avant tout l’expérience unique, l’initiation de cette jeune femme, qui est centrale. Toutefois, j’aimerais pointer la dimension cathartique du film. Sa projection entraîne souvent des larmes, comme la possibilité d’une guérison, celle de l’héroïne, bien sûr, mais aussi la notre, celle du public,  Il opère comme une purification. Et finalement c’est le rôle de l’Art comme le définit Platon, de permettre au spectateur de s’identifier et de se sublimer. J’ai le sentiment que ce film ouvre des portes de conscience, avec un effet profondément bénéfique. Alors s’il y a un message, c’est un message d’amour absolu à la nature, un hymne.
J’aimerais honorer la manière dont Fabienne Berthaud filme la nature et l’être humain, cette poésie qui en émane, la force amicale d’un arbre, le vol d’un oiseau, le souffle des animaux… Cette quête sensuelle de la beauté, cette générosité est centrale dans le film.

Y a-t-il eu un avant et un après pour vous ?

J’ai toujours un rapport fusionnel avec mon personnage, et j’ai appris une fois qu’un film est terminé à tourner la page, à redevenir une page blanche pour me rendre disponible, et retrouver ma vie. En même temps je m’enrichis à chaque rôle, j’en retire quelque chose de positif. Après celui-ci, j’étais pleine d’un profond sentiment de gratitude pour l’aventure humaine que j’ai vécu, il y a avait à la fois beaucoup d’amour et de bienveillance, dans l’équipe, et un profond respect des traditions, et de la nature. Et ce film m’a vraiment ouvert un champ de réflexion sur notre société cartésienne, et ses dysfonctionnements, avec une profonde remise en question… Nous avons à faire preuve d’humilité et de compassion, pour tous les êtres vivants, et réapprendre le respect pour la vie sous toutes ces formes.

Un rêve pour le monde d’aujourd’hui ?

Espérer que cette interdépendance avec la nature que nous avons abandonné, va devenir centrale et qu’un réveil va se faire chez l’humain…


Un Monde plus Grand. Un Film de Fabienne Berthaud, avec Cécile de France. Sortie 30 Octobre.

Retrouvez Catherine Maillard sur 
son site : catherine-maillard.com et sa page Facebook 

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