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DAPAT, pour venir en aide aux femmes en situation de précarité

Association femmes SDF

"Beaucoup de femmes en souffrance sont invisibles. Elles se cachent."

Анастасия Триббиани/Pexels
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Corine Moriou
Par Corine Moriou
Mis à jour le 18 octobre 2021

En pleine crise sanitaire, Danielle et Patrick de Giovanni, un couple de généreux donateurs, ont créé le fonds de dotation DAPAT. Celui-ci aide les associations qui viennent au secours des femmes en situation de précarité. Coup de projecteur sur des initiatives remarquables.


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Danielle et Patrick de Giovanni, 76 ans chacun, se sont rencontrés il y a cinq ans. En pleine crise de la Covid-19, ils se sont mariés. Dans la corbeille de mariage : un fonds de dotation baptisé DAPAT (dapat.fr) (comme Danielle et Patrick, les premières lettres de leurs prénoms) destiné à venir en aide aux femmes en détresse et aux mères SDF. Ils ont donné à ce fonds neuf millions d’euros de leur fortune personnelle. Une coquette somme d’argent qui n’ira pas dans la poche de leurs héritiers, mais qui est définitivement acquise à cette noble cause. Le fruit des placements permet de financer des associations avec lesquelles DAPAT signe des conventions de partenariat.

« Nous souhaitions rendre à l’univers ce qu’il nous a donné. Faire un chèque pour avoir la conscience tranquille n’était pas envisageable. Nous voulions nous impliquer personnellement dans une action sociale qui nous tenait à cœur, donner de notre temps, de notre compétence », explique Danielle Rousseau de Giovanni, militante de longue date pour l’entreprenariat au féminin. Aujourd’hui, la fondatrice de Dirigeantes estime que les besoins sont couverts par de nombreux réseaux pour aider les femmes à réussir leur vie professionnelle: « Ce qui me semble important, c’est de soutenir les femmes les plus démunies dans notre société, celles qui sont dans la rue. »

De son côté, Patrick de Giovanni a mené une brillante carrière dans le capital investissement (Apax Partners) et s’est engagé dans des activités de bénévolat depuis une quinzaine d’années. Il désirait soutenir plus particulièrement les SDF. Sa femme lui proposa d’axer leur mission sur les femmes, et plus particulièrement les jeunes femmes SDF avec des enfants. « La réalité est dramatique, souligne Danielle : des femmes accouchent dans la rue et tentent de survivre avec leur bébé. Ces petits êtres font leurs premiers pas dans la vie, marqués par l’angoisse, la solitude et la détresse de leur mère .»

300 000 SDF en France dont un quart de femmes

Selon la Fondation Abbé Pierre, il y a 300 000 personnes sans domicile fixe, soit deux fois plus qu’en 2012 et trois fois plus qu’en 2001. Des chiffres qui frappent les esprits ! Les trois quarts sont des sans-papiers d’origine étrangère. En 1999, les aides de l’Etat représentaient 500 millions d’euros. Elles atteignent aujourd’hui 3 milliards d’euros pour éradiquer la pauvreté des sans-abris.

Les femmes représentent le quart des SDF en France. A Paris, le chiffre grimpe à 40%. « Beaucoup de femmes en souffrance sont invisibles. Elles se cachent. Mais elles sont repérées, rackettées, battues, violées », souligne Danielle. Triste réalité : le mal vient souvent du mâle qui traîne dans la rue, seul ou en bande.

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« Il y aussi les jeunes filles qui ne bénéficient plus de l’Aide sociale à l’enfance et, à 18 ans, sont livrées à elles-mêmes, sans métier et sans ressources, ajoute Patrick. Il ne faut pas juger les femmes qui sont dans la rue. Mais il faut s’interroger sur les raisons qui les ont menées à cette situation. »

Selon l’INSEE, 86 % des sans-domicile ont vécu dans leur enfance un événement douloureux : maladie, décès des parents, accident grave… Un quart des sans-abris sont des enfants qui ont été placés dans une institution, en foyer ou en famille d’accueil pendant leur enfance. Les deux tiers de ces enfants ont subi de mauvais traitements, des violences, des viols.

45 associations pépites repérées en France

La mission de DAPAT est de lutter contre l’exclusion, l’isolement et la pauvreté des femmes en détresse et des mères SDF. Plus globalement, le fonds de dotation cherche à favoriser l’insertion professionnelle et sociale ainsi que l’autonomie et la dignité de ces femmes. Il n’a pas pour objet de se substituer aux acteurs qui sont déjà sur le terrain. Danielle et Patrick accompagnent les initiatives déjà existantes dans ce domaine. En pleine période de confinement, ils ont eu l’idée de créer un concours pour repérer les associations qui soutiennent les femmes en détresse. C’est ainsi qu’est née la première édition « Coups de Cœur DAPAT », en septembre 2021.

« Bien souvent, ces associations sont microscopiques, elles ont peu de moyens, ne communiquent pas », constate Patrick. Avec la trentaine de bénévoles qu’ils ont fédérés autour d’eux, les fondateurs de DAPAT ont déniché en France des pépites, de magnifiques initiatives. 45 associations se sont portées candidates au concours qu’ils ont monté. Un bon moyen pour ces associations de se faire connaître, de susciter du bénévolat et des dons. A la clé, les prix DAPAT, d’une valeur de 5 000 à 15 000 euros, ont été remis à dix d’entre elles.

Il convenait de mettre en lumière la première édition « Coups de Cœur DAPAT ». Grâce à Louise Morin, productrice de cinéma (et en l’occurrence de l’événement), et de belles et généreuses personnes autour de DA et PAT, la cérémonie de remise des prix a eu lieu le 27 septembre dernier au théâtre Marigny, à Paris, en présence de personnalités du monde du spectacle.

Elsa Zylberstein était la marraine de l’événement tandis que Yamina Benguigui en était la maîtresse de cérémonie. Un vibrant hommage fut rendu à ces femmes « invisibles » tout au long de la soirée. Anne Roumanoff, Franck Dubosc, Chantal Thomas, Dominique Besnehard avaient répondu présent pour la remise des prix. « Je suis plus ému en ouvrant cette enveloppe que lors de la cérémonie des Césars », lâcha le producteur de la série à succès « Dix pour cent ».

De Femmes Debout à l’Association Anne-Lorient

Les membres du Jury ont remis le « Grand Prix DAPAT » à « Femmes Debout », une association implantée dans l’un des quartiers les plus pauvres de la ville de Dole, dans le Jura. Cette association mène des actions de lutte contre la violence faite aux femmes, les aide à défendre leurs droits, à accéder à la santé et à la culture.

Parmi les « Coups de Cœur DAPAT », cinq associations ont été sélectionnées.

  • « Bagageries Solidaires 92 » offre des casiers sécurisés aux femmes pour y déposer leurs affaires, mais aussi un lieu où elles peuvent prendre une douche, être écoutées, faire des démarches administratives, prendre un petit déjeuner ou un en-cas.
  • « MaMaMa » vient en aide aux mères en situation de précarité pour les soutenir pendant les 1 000 premiers jours de leur enfant.
  • « Le Camion Douche » permet aux femmes de faire leur toilette, rester en bonne santé, retrouver une estime d’elles-mêmes.
  • Dans le même esprit « Tente Beauté Mobile » a mis en place durant la crise du Covid une boutique d’hygiène nomade (coiffure et esthétique) et un dressing solidaire né d’une collecte de dons.

«Toutes ces initiatives sont formidables. C’était frustrant de remettre des prix à seulement cinq associations. C’est pourquoi nous avons créé les « Espoirs DAPAT » », souligne Patrick.

Parmi les cinq lauréats, l’intervention d’Anne Lorient fut particulièrement remarquée bien qu’elle ne raconta pas tout sur la scène… Cette quadra incarne la possibilité d’une vie meilleure et la résilience pour toutes ses sœurs de galère.

Victime d’inceste, elle a fui le domicile familial à 18 ans. Prostituée et mendiante, traumatisée par de nombreux viols, elle a vécu une véritable descente aux enfers. «Maman de rue», avec deux bébés et un compagnon, elle a néanmoins continué à subir « la mafia » des rues. Une violence sans nom ! Aujourd’hui, elle s’est réinsérée dans une vie dite « normale » et elle vient au secours de femmes en détresse, à travers sa propre association. Elle raconte son histoire dans son roman Mes années barbares (éditions de La Martinière) et aimerait que l’on en fasse un film. « Les quarante premières années de ma vie ont été des années barbares. Effroyables. Suffocantes. Je veux réussir les quarante à venir. Pour mes enfants, et pour moi. » Avis aux gens du spectacle !

Dapat. www.dapat.fr

Danielle et Patrick de Giovanni

Photo : Danielle et Patrick de Giovanni

Notre experte

Ex-Grand Reporter Economie au groupe L’Express, Corine Moriou a interviewé 5 000 personnes, visité 70 pays, usé 100 paires de chaussures, partagé 10 000 sourires et rires. Journaliste indépendante, elle s’intéresse plus particulièrement aux sujets de société, à la philosophie, au développement personnel, au bien-être. Elle anime des stages de sylvothérapie et de yoga et a créé le «Sylvo Yoga». corinemoriou.com

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