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Pourquoi peut-on se sentir si mal à Noël, en présence de ses parents ? L'analyse de Gislaine Duboc

Noël 2020, pour repenser le lien familial
"Noël est une injonction au bonheur familial, à l'amour qui est censé unir chaque membre de la tribu."
S&B Vonlanthen
Fêter Noël en 2020 Rituels de fête pour célébrer le retour de la lumière en 2021
Adèle Gireau
Par Adèle Gireau
Mis à jour le 25 février 2021

Et si 2020 était l'année de l'affirmation de soi, de sa vérité ? Pour Gislaine Duboc, chamane et psychothérapeute, ce Noël marque une étape clé dans la vie de "tout enfant devenu adulte" : celle de repenser le lien qui nous unit à nos parents.


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Pour la plupart d'entre nous cette année, Noël se fera dans la plus grande intimité, seule ou avec les proches que l'on ne quitte jamais. Et pour celles et ceux pour qui Noël et repas de famille rimaient avec inconfort, il semblerait que la roue puisse enfin tourner. Comme l'explique Gislaine Duboc dans sa dernière vidéo "La face cachée de Noël 2020", l'épidémie que nous traversons serait l'opportunité de dire à ses proches, avec amour, que ces fêtes se feront à distance. Explications.

FemininBio : Noël est-il un sujet souvent abordé avec ceux que vous accompagnez ?

Gislaine Duboc : Tout à fait ! Toute réunion de famille est un challenge pour bon nombre d'entre nous mais Noël encore plus, parce que cette fête demeure une injonction au bonheur familial, à l'amour qui est censé unir chaque membre de la tribu. Il y a un schéma d'appartenance sous-jacent qui est en réalité une belle illusion. Résultat, si l'on est pas heureux dans cette famille, que nous n'y trouvons pas notre place, on a l'impression d'avoir raté quelque chose.

Penser que Noël est une preuve d'amour installe une pression qui pourtant n'a pas lieu d'être...

En effet, on ne veut pas entendre qu'une famille peut-être source de malaise, et cela a un lien direct avec le rapport que nous entretenons avec nos parents. Pour revenir rapidement sur l'origine de Noël dans la religion chrétienne, ce jour représente la séparation entre une mère et son enfant, et casse le mythe du "tu dois honorer ton père ou ta mère". On n'est plus l'enfant de ses parents, mais de la Terre, et de la création. Cette connotation de place qui a toujours existé a été détournée par notre civilisation, qui accepte d'être fille ou fils de la Terre mais toujours avec un père et une mère. Le lien n'est pas rompu, alors que, dans l'histoire, ce jour devrait nous encourager à lâcher nos créateurs, au bénéfice de la Vie.

Cette connotation de la place dans la famille, ou devrais-je plutôt dire vibration, nous encourage, pendant le rassemblement, à jouer la comédie si l'on se sent différent.e, pas à sa place.

Pourquoi est-il tabou de ne pas vouloir se retrouver en famille ?

Oser avouer que tu ne te sens pas accroché.e à ta tribu, à ta lignée, c'est quelque part dire que tu es sans famille. D'autant que le repas de famille est un moment qui nous fait régresser. En présence des parents, on regagne notre poste d'enfant.

En présence des parents, on regagne notre poste d'enfant.

C'est intéressant de découvrir que quand un enfant naît, il met une femme et un homme dans la dynamique de parents. Il leur donne une toute puissance dans sa fragilité, dans un sourire il récompense les nuits blanches. Quand on arrive à quitter cet état de régression et que l'on devient une femme ou un homme mature, on libère le parent de la toute puissance, et lui aussi devient un homme ou une femme. A ce moment là, on peut être reconnaissant.e de ce qu'il/elle a apporté dans notre vie, mais la vibration étant différente, le lien se transforme automatiquement. On libère nos parents en nous libérant et on modifie la vibration.

Mais à Noël c'est la régression, on redonne du pouvoir aux parents, qui ne se cachent pas de nous faire des remarques que des amis ne nous feraient pas, comme la mère qui commente notre tenue ou le père qui s'interroge sur notre vie sentimentale.

Alors pour ces moments de gêne, j'ai une astuce toute simple qui consiste à se rappeler quel âge nous avons, et être sur un pied d'égalité avec ses parents.

La période que nous traversons pourrait renverser ce schéma selon vous ?

Oui, et c'est magnifique car nous pouvons enfin tester le droit de ne pas fêter Noël avec ses parents, en disant "Je t'aime, je te protège, donc je ne viens pas".

C'est moins douloureux pour eux, et moins culpabilisant pour les enfants. C'est inconcevable pour des parents que leur enfant soit mal avec eux. Et s'il manque quelqu'un à table, la photo familiale n'est pas complète. Or famille au complet rime avec réussite, et il devient plus important d'avoir une tablée pleine qu'une ambiance bienveillante et positive. Pourquoi s'entourer de gens qui vous mettent mal à l'aise ? Et surtout, en tant qu'adulte, pourquoi s'infliger ça ?

Finalement, il faudrait donc fêter Noël seul.e ?

Non, il faudrait surtout parvenir à une position adulte, où l'on laisse la Vie, notre vie, s'installer entre nos parents et nous. Avoir un schéma de recul où l'on quitte notre rôle d'enfant pour s'affirmer tel.le que l'on est.

Le pouvoir des parents n'existe que par le pouvoir qu'on leur donne, et nous avons la fâcheuse tendance de ne pas faire tomber ce pouvoir de peur de nous retrouver nu face à la vie. Un Noël en famille doit être une libération où cette vie, la vôtre, prend le dessus sur le lien qui vous unit à vos parents.

Notre experte

Les 4 voies chamaniques, Gislaine Duboc
(©Editions Eyrolles)

Gislaine Duboc est psychothérapeute chaman, conférencière et autrice de l'ouvrage Les 4 voies chamaniques parut aux éditions Eyrolles. Son site : eveil-chamanisme.fr

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