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"Le couple c’est une dynamique", l'interview confession de Margaux Motin

Margaux Motin publie sa première BD, elle nous décrit sa liberté trouvée
Studio Marie B.
Audrey Etner
Par Audrey Etner
Mis à jour le 25 février 2021

De retour après une longue absence dans l’univers de la BD, Margaux Motin traduit si bien la vie en dessins qu’on a toujours l’impression qu’elle décrit la nôtre. De Parisienne aux talons aiguilles à fille de la campagne aux bottes en caoutchouc, elle partage sans filtre ses errances et accomplissements.


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FemininBio mag 32
(©Idix)

Cet article a été publié dans le magazine #32 janvier-février 2021

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Cette fois nous l'avons rencontrée ! Entre deux confinements Margaux Motin a quitté quelques jours son Pays basque d'adoption pour célébrer la sortie de son nouveau livre. Symbole d'une génération de parisiennes fun et décomplexée, l'illustratrice et auteure a fait il y a dix ans un choix de vie radical en s'installant à la campagne. Là, elle s'est bâti la vie à laquelle elle aspirait, celle qui "parle à son cœur", auprès de son compagnon Pacco, illustrateur lui aussi. La vie rêvée ? Vraiment ? Le Printemps suivant dévoile avec humour et énergie le chemin semé d'embûches que ce couple d'artistes a traversé pour en arriver là... La vérité toute nue, au stylo noir et décors chatoyants.

FemininBio : Quelle liberté trouvez-vous aujourd’hui dans votre activité professionnelle ?

Margaux Motin : Après des débuts en entreprise, être à mon compte m’a offert une immense liberté.

Ma mère a passé une partie de sa vie en freelance et je trouvais extrêmement doux de l’avoir à mes côtés. Attention, la liberté est forcément accompagnée de contraintes, mais très vite cette possibilité de gérer mon planning, mes clients, mon temps, d’être mon propre patron, s’est imposée à moi.

Bien sûr, rien ne s’est fait du jour au lendemain, et c’est plutôt une direction vers laquelle je tends en permanence et qui me permet de prendre des décisions au quotidien.

D’où vient ce besoin de liberté ?

De mon âme, c’est là où je me sens le mieux. Je suis très réactive à la contrainte, et en même temps la première à m’imposer tout un tas de routines. Mais dès que je me sens obligée de rentrer dans un cadre et de répondre à un schéma avec lequel je ne suis pas en accord, cela devient très difficile pour moi. Je ne me sens pas en rébellion, j’ai trouvé d’autres façons d’exprimer ma liberté.

À travers le dessin, par exemple ?

Aujourd’hui c’est le cas. Mais au départ le fossé était tellement grand entre mes aspirations et mes capacités que je me sentais limitée. Je fourmillais d’idées qui ne pouvaient pas prendre vie. À force de travail, j’ai acquis cette maîtrise qui me permet d’exprimer ce que j’ai dans la tête. Là est la vraie liberté selon moi.

Vous sentez-vous parfois dans une forme d’obligation vis-à-vis de vos abonnés Instagram ?

Pas du tout, mais je parle depuis une place de privilégiée à 300 000 abonnés. Je sais que ce que je fais fonctionne, et que ma communauté est extrêmement bienveillante.
J’ai un cadre et des règles que je me suis fixé : pas de politique ni de débats sociologiques, mais une attention particulière portée aux envies des gens. C’est comme si j’étais un cercle bleu et les lectrices un cercle rouge et qu’on allait se retrouver dans le violet. Je suis moi-même, mais je choisis quelle part de moi je partage pour être comprise.

À l’heure de la fuite des centres urbains, votre mode de vie en inspire plus d’un. Comment la transition s’est-elle passée pour vous ?

Lorsque l’opportunité s’est présentée de quitter la ville, ce fut une évidence, car j’ai grandi à la campagne. C’est là que sont mes racines. J’ai eu une vie parisienne exaltante mais ce mode de vie ne parlait pas à mon cœur profondément. La grande libération fut celle du rythme quotidien.

Après une cadence absurde du “faire” à Paris, voir la mer sur le chemin de l’école a chamboulé toutes mes perspectives et apaisé mes angoisses. J’étais très nerveuse, et ce fut un travail volontaire dans lequel je me suis engagée pour guérir de cette prison de l’anxiété, des peurs. La notion de liberté est aussi liée à l’espace. Dès que j’ai le blues, je vais marcher en forêt et tout est presque réglé en rentrant. Je suis à la fois très sociable et dans un besoin de revenir à moi dans le silence et le calme.
Mais attention, la vie à la campagne vous met face à vous-même de façon “hardcore”. Il n’y a rien pour se divertir, sortir pour oublier, voir du monde. J’ai conscience que cela ne convient pas à tout le monde !

Vous dévoilez beaucoup de votre couple dans Le Printemps suivant. La liberté au sein du couple, ça veut dire quoi pour vous ?

Pour moi la relation de couple fut le chemin le plus difficile. Après avoir divorcé, même si j’ai été rapidement en couple avec Pacco nous n’avons pas habité ensemble tout de suite.
À cette époque je vivais une rébellion, seules mes règles étaient valables, et je ne voulais recevoir de conseils de personne. Je m’en souviens comme d’une période assez géniale, sans entraves, et aussi très foutraque, pendant laquelle il était compliqué de bâtir une relation. Alors nous avons fait les choses à l’envers du reste du monde : commencer par s’engueuler très fort, pour ensuite se souder. Une seule chose était sûre pour moi : je l’aime, c’est une évidence.
J’ai la chance d’être avec un homme dont l’objectif est de m’accompagner à grandir, réaliser mes projets et être heureux. Il me proposait donc dès le départ une immense liberté d’accomplissement, mais cela passait par le fait de faire équipe avec lui, et je n’étais pas prête.

Aujourd’hui, dans mon couple, j’ai tout un espace pour pouvoir m’interroger et aller à ma rencontre, avec un compagnon très clairvoyant, lucide et à l’écoute. Le couple c’est une dynamique, des choix conscients pour être heureux à deux, du soutien à l’autre, des efforts de communication pour préserver son partenaire, et une responsabilité individuelle du rôle que l’on joue dans l’équipe. Une fois ce chemin entamé, il est fantastique, même s’il reste évidemment des jours où nous sommes rattrapés par nos blessures.

(©© Casterman)

Le livre :

Vent lointain, premier volume du diptyque Le Printemps suivant, de Margaux Motin, paru en octobre 2020 chez Casterman.

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