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Contraception

Qu'est-ce que la ligature des trompes, est-ce réversible et comment bien vivre l'opération ?

ligature des trompes
megaflopp/Shutterstock
Bérengère Arnal
Par Bérengère Arnal
Publié le 05 novembre 2022

Chaque année, près de 50 000 personnes en France se font ligaturer les trompes. Cette méthode, consistant à fermer le passage des tubes utérins pour éviter la fécondation, reste un des moyens contraceptifs les plus sûrs (plus de 99 % de taux de réussite). Explications de la Dr Bérengère Arnal.


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Pratiquée depuis les années 1960, ce n'est qu'en 2001 que la contraception « définitive ou permanente » par ligature des trompes fut dépénalisée. Cette technique est, selon l’OMS, la première contraception féminine dans le monde, sachant que 24 % des femmes y ont recours, contre 16 % utilisant la pilule.

Contraception ou stérilisation, revoyons les définitions

La contraception désigne une méthode visant à éviter, de façon réversible et temporaire, la fécondation d'un ovule par un spermatozoïde ou, s'il y a fécondation, la nidation de l'œuf fécondé. La réversibilité de la ligature des trompes doit donc être possible, si on l'associe au terme « contraception ». En l’occurrence, l’irréversibilité de cette méthode ne peut en effet être assurée à 100 % puisque l’indice de Pearl (outil statistique visant à mesurer l'efficacité d'une méthode contraceptive, ndlr) est de 0,5 % de femmes qui tombent enceinte sous cette contraception, et non de 0.

D'un autre côté, le terme de « stérilisation », désignant une méthode supprimant la capacité de procréer, n’est pas tout à fait adapté non plus. Car la femme n’est pas à proprement parler stérile après cette intervention : elle peut spontanément être enceinte en cas d’échec, bien que cela soit extrêmement rare. Elle peut aussi être enceinte après une chirurgie réparatrice, visant à reperméabiliser les trompes ou par fécondation in vitro (FIV).

Si la stérilisation peut devenir une solution contraceptive, elle ne peut, sans inexactitude, être suivie ni des adjectifs « définitive, ou permanente » ni de « réversible ou temporaire ». Concernant la ligature des trompes, préférons «contraception définitive» ou «contraception permanente».

La ligature des trompes de Fallope, qu'est-ce que c'est ?

Il s'agit d'une obturation des trompes de Fallope, qui va empêcher la rencontre entre l’ovule et les spermatozoïdes dans les trompes, lieu où se déroule la fécondation. Il n’y a aucun retentissement hormonal, ni sur le cycle, ni sur les règles, ni sur la sexualité, à la suite de ce geste sur les trompes.

Le saviez-vous ? Une autre méthode contraceptive a existé : les implants Essure

Mis sur le marché en France en 2002 puis remboursés en 2005, les implants Essure ont connu un certain succès : 200 000 implants ont été posés en quinze ans. Beaucoup jugeaient cette méthode moins invasive que la ligature des trompes, car sans incision et pouvant être pratiquée sans anesthésie générale. Les implants Essure ont été retirés de la commercialisation en 2017 (sauf aux États- Unis), du fait des nombreuses complications observées, liées essentiellement aux réactions immunologiques contre ce corps étranger implanté dans l’orifice de chaque trompe. Plus de 200 000 Françaises et 1 million de femmes dans le monde ont reçu ces implants depuis 2002. Selon l’ANSM, une extraction d’implants avait été réalisée chez 11 % des femmes en octobre 2020, pour cela, une hystérectomie (enlever l’utérus) doit être pratiquée.

En passant par le vagin et le col de l’utérus, sans aucune incision (hystéroscopie), le chirurgien posait l’implant dans l'orifice de chaque trompe. Cette intervention en ambulatoire pouvait se pratiquer sous anesthésie générale, péridurale ou locale, et parfois même sans aucune anesthésie. Flexible et métallique, le micro-implant générait une réaction inflammatoire des tissus, qui avait pour résultat l’occlusion progressive des trompes par fibrose des tissus en trois mois. Les spermatozoïdes ne pouvaient alors plus rencontrer l’ovule et le féconder.

Le déroulé de l'opération d'une ligature des trompes

L’occlusion immédiate des trompes se pratique par cœlioscopie, sous anesthésie générale et habituellement en ambulatoire. En cas d’impossibilité (très rare) de réaliser une cœlioscopie avec incision, le chirurgien peut emprunter la voie basse vaginale, ce qui présente un petit risque infectieux, ou faire une mini-incision abdominale de 5 cm au-dessus du pubis.

Il existe plusieurs techniques de stérilisation tubaire au niveau de l’isthme de la trompe, la partie la plus proche de l’utérus. Les plus utilisées sont :

  • la ligature-section des trompes, qui sont sectionnées puis suturées ;
  • la pose de clips sur les trompes. La circulation s’interrompt alors au niveau de la zone clipsée, les tissus deviennent fibreux, cicatriciels, empêchant tout passage d’un œuf fécondé.

Une réversibilité est possible par la microchirurgie dans ces deux méthodes.

La ligature des trompes chez les nullipares

En théorie, je n’encourage pas la ligature des trompes chez une femme nullipare sauf en cas de raison médicale ou psychologique grave. Dans ce cas, je l’adresse à un.e psychiatre ou un.e psychothérapeute spécialisé.es avant de lui faire rencontrer un chirurgien gynécologue ayant une bonne écoute.

L'âge minimum pour avoir recours à la ligature des trompes est de 18 ans, selon la loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001, à condition que la personne soit bien informée sur les différents moyens de contraception pour bénéficier d'une stérilisation.

La contraception définitive, une tendance chez les mères

Dans la pratique, nous réalisons ce geste plutôt après 35 ans, chez des femmes ayant eu un ou plusieurs enfants. Ce qui importe, c’est de considérer la situation de chaque femme (sur un plan personnel, familial, professionnel et social).

Un délai de réflexion, pour la femme comme pour l'homme

Les méthodes de contraception définitive s’appliquent à des femmes majeures, informées du fait qu’elles impliquent une incapacité « définitive » à développer une grossesse. Ces méthodes imposent une longue réflexion intérieure ; il s’agit d’une décision personnelle et de couple, qui doit être mûrement réfléchie. Légalement, il faut au moins quatre mois de réflexion entre la première consultation et la seconde, qui fixe la date de l’intervention. Celle-ci est prise en charge par l’Assurance maladie.

A noter qu'il existe également une méthode de contraception définitive pour l'homme : la vasectomie, qui consiste en la ligature des canaux déférents permettant de conserver l’émission de sperme mais sans spermatozoïde et n’ayant aucun retentissement sur la sexualité.

Consultez ici l’aspect juridique de la stérilisation à visée contraceptive, rédigé par le ministère de la santé est en ligne à cette adresse électronique

Pour résumer, les avantages d'une ligature des trompes sont :

  • Sa grande efficacité (plus de 99 % de taux de réussite) ;
  • La rapidité de l'intervention, faite en ambulatoire ;
  • Le fait que le cycle naturel (les menstruations) et la fonction ovarienne et utérine ne soient pas affectés.

Et les inconvénients

  • La complexité de la réversibilité. La femme doit en effet procéder à une chirurgie réparatrice, ou envisager une fécondation in vitro (FIV) ;
  • Comme pour de nombreuses interventions chirurgicales sous anesthésie générale, des effets secondaires peuvent se manifester en post-opératoire (nausées et vomissements, maux de gorge, douleurs au niveau de la zone opérée) ;
  • Ne protège pas contre les maladies sexuellement transmissibles, contrairement au préservatif, qui reste le moyen le plus sûr de s'en préserver.

Remèdes naturels pour mieux vivre l'opération

Voici mon protocole homéopathique pour limiter le stress et mieux supporter toute anesthésie générale.

La veille de l’intervention ou juste avant : Gelsemium 9 CH (1 tube) : 10 granules rapidement.

S’il vous est interdit de prendre les granules ou les doses sous la langue en raison de la nécessité de rester à jeun, vous pouvez mettre les granules sous la langue avec un peu d’eau, les laisser 2 minutes en bouche, puis recracher le tout.

Le jour de l’intervention, juste après :

  1. Pyrogenium 5 CH (1 tube) : 10 granules sous la langue dès que possible.
  2. Arnica Montana 5 CH (1 tube) : 10 granules sous la langue dès que possible.
  3. Nux vomica 5 CH (1 tube) : 10 granules sous la langue dès que possible.
  4. Uniquement en cas de cicatrice cutanée : Graphites 5 CH (1 tube) : 10 granules sous la langue dès que possible, puis 3 granules le matin sous la langue dès le lendemain pendant 15 jours.
  5. Uniquement en cas d’anesthésie générale : Opium 30 CH (1 tube) : 10 granules sous la langue dès que possible.

Notre experte

Docteur Bérengère Arnal est médecin gynécologue-obstétricienne, sophrologue, phytothérapeute et diplômée de psychosomatique en gynécologie-obstétrique. Elle est la Présidente fondatrice (2007) d'Au sein des femmes, association dédiée aux femmes atteintes de cancer du sein. Son site : berengere-arnal.fr

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