Saumon d’élevage, saumon sauvage et saumon bio
A l’approche des fêtes, le saumon se retrouvera bientôt sur la majorité des tables françaises, en version fumé ou frais. Mais que se cache t-il derrière ce met d’exception ?
Thomas Canetti, directeur de Food4Good, explique les nuances ses origines des différents saumons. Les saumons d’élevage conventionnel et le saumon bio sont tous les deux des poissons d’élevage, alors que le saumon sauvage "traverse les océans et se nourrit naturellement de petits poissons". Ainsi, il vit et se reproduit "dans un milieu naturel qu’on ne peut contrôler et pour cette raison il ne peut pas porter le label BIO". Le saumon sauvage est sensible à la surpêche et à la pollution et en Europe, il est très menacé.
Le saumon d’élevage conventionnel "nait dans des écloseries et passe en général un an en eau douce avant d’être transféré dans des bassins en pleine mer". Il est nourri par la main de l’homme avec des produits "composés d’une part animale (farines et huiles de poisson, parfois aussi farines d’animaux terrestres), ainsi que de végétaux".
Le saumon bio bénéficie pour sa part d’une alimentation de meilleure qualité "dont la part végétale doit être certifiée BIO". Il n’y a donc pas d’OGM ni de pesticides et la part d’origine animale est "composée exclusivement de farines et d’huiles de poissons issus de pêcheries certifiées". L’utilisation d’hormones est interdite et les antibiotiques "ne peuvent être utilisés qu’en cas de maladie avérée". Le saumon bio est donc très contrôlé afin d’obtenir son certificat et il son élevage garantit un "meilleur respect du cycle naturel des poissons".
Impact sur l’environnement
Bien sûr, ces différents modes d’élevage et de pêche n’ont pas les mêmes conséquences sur l’écosystème marin. Le saumon d’élevage conventionnel peut avoir des impacts désastreux sur l’environnement, en raison de l’alimentation qui lui est donnée et qui peut contenir des additifs de synthèse et des résidus de pesticide. Thomas Canetti précise que "si le problème de l’utilisation des antibiotiques a été très bien maitrisé en Norvège, il l’est moins au Chili".
Pour le saumon sauvage, il faut aussi faire attention à la surpêche afin de garantir le renouvellement de l’espèce.
Enfin, “le saumon bio subit son environnement plus qu’il ne l’affecte”. Son impact environnemental est très faible car son élevage est très contrôlé comme expliqué précédemment.
Frédéric Le Manach, directeur de l’association Bloom met en garde par rapport à la pêche “minotière”, la pêche des petits poissons qui servent à nourrir les saumons d’élevage. En effet "il faut largement plus d’un kilo de poisson sauvage pour produire un kilo de saumon ou de thon d’élevage, ce n’est pas vraiment une solution à la surpêche". L’absence de ces petits poissons dans l’écosystème marin a des effets néfastes sur la chaine alimentaire. Pour lui, “l’utilisation de farines végétales ou de déchets de l’industrie du poisson ont un fonctionnement limité : cela ne remplacera jamais à 100%, le poisson sauvage”.
Comment préserver l’environnement et sa santé ?
Préférez dans l’idéal les espèces de saumon portant un label de pêche durable comme MSC. Ce label garantit une pêche sauvage durable.
Le label Bio, qui ne concerne que les poissons d'élevage, engage le bien-être de l’animal et son alimentation, sans OGM bien sûr. "Le saumon d’élevage représente entre 90 et 95% de tout le saumon consommé en France. Si tous pouvaient être issus d’élevages certifiés BIO, notre planète sans porterait mieux et nous aussi" affirme Thomas Canetti.
Certaines questions se posent actuellement sur la réelle qualité du saumon bio notamment en raison de certains contaminants retrouvés dans quelques échantillons. Pourtant les doses décelées restent bien en dessous des limites fixées par la réglementation européenne et ne sont pas dangereuses pour notre santé.
Même si les saumons bios sont nourris d’aliments bios (farine de viande et os issus d’animaux terrestres sont interdits), ils peuvent parfois se nourrir de poissons sauvages (issus de pêche durable) qui auraient subis une forme de pollution. Cependant, aucun produit de synthèse ni OGM n’est directement utilisé dans l’aquaculture biologique, qui lutte pour le respect de l’environnement et de notre santé.
Comme le rappelle Frédéric Le Manach, "Bio ne veut pas dire pas de problème, ça veut juste dire moins de problème". C’est en faisant confiance à ces filières d’éleveurs de saumon bio que celles-ci pourront se développer et continuer à respecter les écosystèmes aquatiques et le contenu de nos assiettes.