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Burn-out professionnel: stop à la pression!

Isabelle, à gauche et Audrey, à droite : épanouies dans leur nouvelle vie.
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Bien-être au travail
Anne Ghesquière
Anne Ghesquière
Mis à jour le 25 février 2021
Auteures de "Je dis enfin stop à la pression", Audrey Akoun et Isabelle Pailleau ont changé de vie après leurs burn-outs. Thérapeutes familiales, elles aident les personnes à lever le pied lorsqu'il est encore temps.

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Vous avez fait chacune un burn-out. Comment vous en êtes-vous sorties ?

Isabelle : J'ai fait un burn-out professionnel et maternel. Il m'a fallu trois mois pour réussir à me relever. Ce qui me semble important de dire, c'est qu'avant de se demander ce que l'on veut faire, il faut prendre soin de soi, physiquement. Dans le burn-out, c'est le corps qui est épuisé. Il ne supporte plus la charge de travail, la pression que l'on se met. Il faut donc commencer par prendre soin de soi.

Audrey : J'ai réalisé que j'avais abandonné mon rêve, qui était de devenir psy, pour faire plaisir à mes parents en devenant notaire. Ma vie a été profondément chamboulée, car revenir à soi peut faire peur à notre entourage, mais c'était vital pour moi. Il ne faut pas hésiter à se faire aider : seul, on n'est pas forcément capable de se poser les bonnes questions. Une personne bienveillante a souvent plus confiance en nous-mêmes que nous et notre entourage. C'est rassurant et efficace !

Vous dites que la pression est polymorphe. Qu'entendez-vous par là ?

Isabelle : On résume trop souvent la pression en disant "Mon patron me met la pression". Or, il y a plein de formes de pression : celle que nous nous mettons nous-mêmes, celle que nous met notre conjoint, celle que nous mettent nos enfants, nos amis, nos parents… La pression du paraître est aussi très forte, mais elle ne se voit pas.

Audrey : On pense souvent à la pression négative, mais il y a aussi la pression positive. Tout va bien, et on veut que ça continue, donc on se donne à fond pour que ça dure, sans jamais prendre de temps pour nous. La société nous pousse à avoir des agendas toujours remplis, c'est une forme de pression.

Notre rapport au temps a changé. Le sentiment que tout s'accélère est-il une forme de pression?

Audrey : Nous vivons dans un monde de communication instantanée, le flot d'information est continu. Nous nous mettons la pression car nous sommes convaincus que nous devons répondre vite. En réalité, nous avons perdu le sens de la hiérarchie. Tout n'est pas urgent ni prioritaire !

Isabelle : Avec les moyens modernes, une forme d'impatience s'est installée. Pourtant, l'urgence de l'autre n'est pas notre urgence. Il faut prendre le temps de penser plutôt que de réagir du tac au tac. Je suis pour la détox digitale. Mon mari a oublié son portable dans une voiture de location, il a passé cinq jours sans et m'a dit que c'était très agréable! 

Sommes-nous devenus de grands drogués ?

Audrey : Je pense que nous sommes dans une société qui nous rend drogués. Non pas que l'on soit addict au travail, mais on a peur. Le système tout entier repose sur la peur. Même les mères au foyer vivent sous pression et ont perdu tout équilibre, elles se surchargent de travail par peur de ne pas être reconnues.

Isabelle : On est drogué de l'activité aujourd'hui, c'est très lié à l'ego. C'est plus sympa de dire qu'on a monté sa boîte et qu'on a écrit un livre que de dire qu'on change des couches toute la journée. Pourtant être mère au foyer est un rôle très important.

Les thérapies par le corps se développent. Est-il temps de se réincarner ?

Isabelle : Nous sommes totalement coupés de notre corps et travaillons uniquement dans l'esprit. On se coupe ainsi de notre ressenti physique, alors que c'est indispensable pour savoir ce qui est bon pour nous. Ainsi, les gens ne font pas du tout le lien entre leurs douleurs (lumbago, cystite, grippe…) et le burn-out final.

Audrey : Ca fait 10 ans que je suis installée comme psy et je sens de plus en plus souvent le besoin d'enseigner à mes patients la méthode Vittoz. Elle consiste tout simplement à rééduquer le cerveau à percevoir par nos 5 sens. C'est très simple et les patients reviennent transformés. Il y a un vrai besoin de revenir au sol.

Isabelle : C'est pour cela que le yoga est de plus en plus pratiqué. Il ne s'agit pas d'une mode, c'est vital de ressentir que l'on a un corps.

Avait-on besoin d'arriver à cet extrême pour comprendre ?

Audrey : L'histoire nous montre bien que c'est par les extrêmes que l'être humain comprend les choses. C'est dommage de devoir en arriver là pour prendre conscience, mais c'est bien de voir que nous sommes capables de rebondir. Nous avons en nous les capacités pour nous en sortir.

Isabelle : La prise de conscience n'est pas complète à mon avis. On pense encore qu'il faut mettre de la pression aux autres pour qu'ils agissent. J'aimerais que l'on pense autrement et que l'on cherche plutôt à encourager, à féliciter, à montrer l'exemple. La pression ne permet pas de partager les talents, c'est désolant.

Qu'est-ce qui a changé dans vos vies, êtes-vous encore parfois sous pression ?

Audrey : On a la chance d'être deux, ce qui nous permet d'être chacune la sentinelle de l'autre. Comme nous avons vécu chacune un burn-out, nous sommes très vigilantes. L'essentiel, c'est qu'aujourd'hui, pas une journée ne se passe sans que je me dise que je suis alignée, à ma place.

Isabelle : On fait attention à ce qu'il y ait toujours de la joie dans nos vies, même dans les moments tristes. Le fait de rire et de pouvoir s'émerveiller au quotidien est crucial. Pour nous, c'est sincère. Quand on est aligné, il se passe des choses formidables. Ça peut être joyeux et épuisant.

Sommes-nous tous égaux face au bonheur ?

Isabelle : Il y a des circonstances qu'on ne peut pas changer et d'autres sur lesquelles on a la main. La question à se poser, c'est de voir ce que l'on peut modifier dans la sphère qu'on maîtrise pour améliorer sa situation. Certains se complaisent dans la situation de victimes. Mais ce n'est pas la solution.

Audrey : On considère généralement que l'aptitude au bonheur est à 50 % d'origine génétique, à 10 % en fonction de nos conditions de vie et à 40 % de ce que l'on fait de notre vie. Sur ces 40 % là, on peut beaucoup travailler ! Le malheur n'est pas une fatalité. Il y a aussi les hasards des belles rencontres. Si on est suffisamment conscient, on peut attraper les mains qui se tendent vers nous. Un regard positif posé sur nous peut changer une vie.

Qu'est-ce que le "travail sain" dont vous parlez dans votre livre ?

Isabelle : Travailler sainement, c'est d'abord se respecter soi-même dans sa façon de travailler. Ensuite, c'est s'intégrer dans des relations au travail où on ne se fond pas dans le moule qu'on attend de nous mais où on apporte nos talents, notre contribution.

Qui vous inspire ?

Audrey : Je pense à un livre, Mange, prie, aime. Il n'a pas changé ma vie, mais m'a invitée à prendre soin de moi.

Isabelle : Ken Robinson, car il nous a rassurées sur le fait qu'on était sur la bonne voie. En l'écoutant, on s'est dit : "C'est incroyable, il dit la même chose que nous"! Il est drôle, joyeux et généreux, il a su dépasser son handicap pour construire sa vie.

Retrouvez Audrey et Isabelle sur leur site la fabrique à bonheurs
Leur livre, Je dis enfin stop à la pression, est paru en 2015 aux éditions Eyrolles.

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